Nous souhaitons probablement tous que les relations internationales se déroulent le mieux possible : pacifiquement et efficacement. Les avis divergent cependant quant à la manière. Deux propositions extrêmes consistent entre d'une part un gouvernement mondial, et d'autre part l'anarchie internationale. Ces deux solutions présentent cependant chacune un grave inconvénient : la centralisation pour le gouvernement mondial, et la loi du plus fort pour l'anarchie. On comprend alors l'intérêt de la troisième voie : une confédération d'États souverains.
La mondialisation est un phénomène économique et culturel (et donc politique) dont l'évolution est largement déterminée par le progrès technologique, notamment en matière de transports et de télécommunications. Dans ces conditions se pose alors la question de savoir comment la société humaine peut se protéger de l'uniformisation culturelle et environnementale, qui est une forme d'entropie c-à-d un processus conduisant à la mort. En effet, tout organisme vivant – individu ou société – a besoin d'un système d'auto-régulation : métabolisme pour les individus, système politique pour les sociétés. Pour ce faire les composants de ces entités sont séparés par des membranes (cellulaires pour les individus, culturelles pour la société humaine) afin de filtrer les échanges vitaux avec l'extérieur.
La capacité de résilience du système économique et politique global exigerait donc de préserver ces membranes, thèse illustrée à contrario par l'échec démocratique et économique de l'Union européenne (cf. /contexte-economique-et-politique#UE-economie).
Le principe de Confédération des États est fondé sur trois piliers : politique, économique et culturel :
politiquement sur :
L'armée konfédérale devrait être constituée sur le modèle des casques bleus. Cependant la comparaison s'arrête là : contrairement aux casque bleus de l'ONU (que la Konfédération remplacerait) les soldats de la Konfédération ne pourraient agir que dans les espaces internationaux.
économiquement sur des entreprises confédérales (donc des entreprises publiques multinationales) gérant notamment :
un droit international confédéral, traitant notamment :
des infrastructures internationales :
culturellement sur une langue confédérale, une langue internationale construite à cet effet et qui serait la seule langue "étrangère" inscrite au programme de l'enseignement obligatoire des pays membres de la Confédération.
Fort logiquement, les États membres de la Confédération devraient reposer également sur les trois piliers politique, économique et culturel :
des entreprises publiques ;
Pour fonctionner efficacement la société humaine a besoin que le secteur privé soit concurrencé par le secteur public. Pour être efficace, celui-ci doit être constitué d'entreprises publiques gérées sous statut de coopératives publiques. Ainsi dans le système konfédéral, les grandes entreprises sont systématiquement nationalisées, et les entreprises publiques inefficaces sont automatiquement fermées lorsque les critères de rentabilité publique ne sont plus respectés.
une monnaie nationale.
culturellement sur une seule langue nationale.
Enfin, afin de rationaliser leur fonctionnement, les États pourraient évoluer en se recomposant – par sécessions ou regroupements – en régions monolingues : la Wallonie avec la France, la Flandre avec la Hollande, le sud-ouest des USA avec le Mexique, etc. Cette recomposition des États sur le principe "Un État, une langue" est souhaitable non seulement pour des raisons d'efficacité interne de chaque État (simplification administrative, cohésion sociale, ...), mais aussi parce qu'elle constitue contre le tout à l'anglais le meilleur garant de préservation de la diversité culturelle internationale, facteur de résilience et de développement de l'économie mondiale.
Le développement rapide des moyens de transport et de communication (⇑ réseau, ⇑ vitesse, ⇑ volume, ⇓ coût) stimule le commerce international, ainsi que la mobilité des facteurs de production : capital (finance et technologie) et travail (flux migratoires).
Mais d'autre part les paradis fiscaux et le corrélatif développement des sociétés transnationales mettent en péril la survie des États et, partant, des services publics. L'augmentation des écarts de richesse fragmente la société, et nuit au développement économique.
Depuis les années 1980 – considérées comme marquant la fin du communisme et la victoire du libéralisme – la conception libérale (atlantiste) de l'évolutionnisme sociétal a manifestement gagné du terrain, notamment par :
Le phénomène Halloween
Un exemple flagrant d'américanisation culturelle planifiée fut la propagation de la fête d'Halloween – archétype de l'imagerie culturelle US – via les écoles maternelles et primaires, et cela avec le soutien massif des médias "d'information" des pays européens. En l'espace d'une seule année (!) – en l'occurrence 1992, soit un an avant la création de l'Union européenne ... – la fête d'Halloween fut propagée en même temps dans l'ensemble des pays qui quelques années plus tard allaient se voir imposer l'intégration au sein d'une union monétaire européenne. L'extrême rapidité du phénomène Halloween et l'implication des appareils d'État dans sa propagation suggèrent qu'il y a bien eu planification. On notera à cet égard la contradiction entre la surmédiatisation de cette fête en Europe, et les résultats de sondages suggérant que la plupart des européens ne fêtent pas Halloween [exemple, 2015].
Au niveau géopolitique force est de constater que les guerres impérialistes ne sont pas un fait du passé. Elles sont, encore et toujours, "justifiées" par de prétendus motifs humanitaires. Un nombre considérable de conflits "ethniques" dans le monde sont attisés voire provoqués par des États à visée expansionniste.
Il s'agit tantôt de se faire la guerre par populations interposées (stratégie de "guerre non-conventionnelle"), tantôt de se donner l'occasion d'intervenir militairement pour « apporter la paix » (stratégie du "pompier pyromane"). En réalité, comme le suggère le tableau suivant, les motivations sont probablement moins humanitaires que géostratégiques.
Réserves mondiales de pétrole (%)
Venezuela | 18 |
Arabie Saoudite | 16 |
Iran | 13 |
Canada | 10 |
Iraq | 9 |
Koweit | 6 |
Emirats | 6 |
Russie | 5 |
Libye | 3 |
USA | 3 |
Total | 89 |
Les discours pacifistes et moralisateurs des gouvernements en matière de politique internationale cachent en réalité un grand cynisme et une réalité très éloignée de la démocratie : la domination des classes dirigeantes nationales et mondialisées, sociologiquement bien plus proches les unes des autres que de leurs populations respectives qu'elles prétendent "représenter". La mondialisation de la lutte des classes est flagrante.
Duplicité de l'oligarchie mondiale
Pourquoi parle-t-on d' "État-nation" ? En effet, "État" et "nation" n'est-ce pas la même chose ? Réponse : oui et non ...
Commençons pas définir ce que nous entendons ici par "État" et "nation" :
un État est une zone géographique délimitée par des frontières et au sein de laquelle règne un gouvernement ;
L'État-nation est donc une notion composite, à la fois géographique (territoire, pays, frontières), politique (pouvoir, gouvernement) et culturelle (peuple, ethnie).
Une ethnie ne devient véritablement nation qu'en se créant son propre État. Par contre un État n'a pas nécessairement de nation spontanée. C'est notamment le cas des États constitués par un ou plusieurs pays tiers en imposant le regroupement d'ethnies différentes (exemples : l'Inde par l'Angleterre ; le Congo par la Belgique ; l'Union européenne par les USA, etc). Il convient donc de distinguer d'une part nation construite, phénomène oligarchique (et généralement colonialiste ou impérialiste), et d'autre part nation spontanée, phénomène démocratique (et, semble-t-il, plus rare ...).
Avez-vous remarqué que les politiciens et les journalistes européistes ne ratent pas une occasion de dénigrer le nationalisme, mais sont nettement moins critiques concernant (i) l'impérialisme US, alors que l'impérialisme est pourtant la forme abjecte du nationalisme, (ii) le nationalisme israélien, alors qu'il est fondé sur la colonisation de la Palestine et un régime d'apartheid [approfondir].
Ces faits de nature géopolitique (en l'occurrence, atlantiste) montrent que la problématique de l'État-nation est nettement plus complexe que ce que nous inculque la propagande manichéenne et calomnieuse des classes dirigeantes européistes, selon laquelle « l'État-nation c'est la guerre ! ».
L'État est un instrument social très puissant, qui n'est en soit ni bon ni mauvais. Tout dépend de qui le contrôle et dans quels buts, ce qui nous ramène à la question de la démocratie.
Quant au nationalisme il peut certes constituer un terrain de conflits potentiels entre nations, mais il est aussi l'expression de la diversité culturelle, et partant, le principe fondamental de la résilience du système économique global. Réduire le risque de conflits en éradiquant cette diversité et en abaissant la résilience du système c'est une "victoire à la Pyrrhus". Il importe donc d'apprendre à respecter la différence plutôt que de la gommer. Il ne faut pas éradiquer les conflits mais développer l'art de les gérer. En réalité c'est beaucoup moins le nationalisme qui est à la source des guerres que les stratégies dominatrices des classes dirigeantes nationales (ou régionales comme par exemple occident vs orient). Ce sont donc les classes dirigeantes qu'il faut éradiquer (PS : pas les personnes mais leur statut) et non la diversité des façons de concevoir la vie en société.
Selon nous la véritable motivation de la propagande anti-nationaliste (phénomène typiquement européen) est double :
Néolibéralisme contre les États. Nous verrons plus loin, dans la section consacrée au principes de l'État-nation, qu'État et nation sont étroitement liés, chacun ne s'exprimant pleinement que par sa conjonction avec l'autre. Ainsi la stratégie libérale, qui vise à déconstruire les États afin de rétablir la loi du plus fort ("un renard libre dans un poulailler libre"), a bien compris qu'attaquer la nation c'est le meilleur moyen pour attaquer l'État, et faciliter ainsi la privatisation des entreprises publiques et même des services publics.
Union européenne contre les nations. En raison de leur diversité culturelle (en particulier la diversité des langues) les États-nations européens sont incompatibles avec le projet fantasmatique "d'États-unis d'Europe", qui requiert l'uniformisation culturelle.
L'Organisation des Nations unies fut créée en 1945 sous la direction du gouvernement US (président Roosevelt), et remplaça la Société des Nations créée en 1919 par ... le gouvernement US (président Wilson). Le siège de l'ONU est situé à New York.
Les principaux organes constituant l'ONU sont (i) l'Assemblée générale, (ii) le Conseil de sécurité, (iii) le Conseil économique et social, (iv) la Cour internationale de justice. Ceci est l'ordre de présentation officiel (théorique) tel que défini par la Charte des Nations unies. Mais l'ordre d'importance officieux (effectif) est en réalité : Conseil de sécurité, Cour internationale de justice, Assemblée générale, Conseil économique et social :
le Conseil de sécurité est l'organe principal de l'ONU, son pouvoir exécutif, et comprend cinq pays membres permanents (USA, Chine, URSS, France, Royaume-Uni) plus dix pays membres non permanents (tournante de 2 ans) ;
Liste des membres non-permanents actuels.
la Cour internationale de justice sert en réalité à façonner le droit international en fonction des intérêts respectifs des 5 membres permanents du Conseil de sécurité : de même qu'au niveau des États, l'indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir exécutif est très relative voire factice ;
La CIJ ne doit pas être confondue avec la Cour pénale internationale (CPI). La première limite son action juridictionnelle aux seuls États, tandis que la seconde est "mandatée" pour juger des individus ayant commis un génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou des crimes d'agressions.
l'Assemblée générale fait office de Parlement (pouvoir législatif) et est sous contrôle de Washington qui utilise sa puissance financière, économique et militaire pour forcer la majorité des membres non-permanents à voter selon ses directives (PS : en outre l'Assemblé générale ne se réunit qu'une seule fois par an ...) ;
Il y a eu certes quelques (rares) cas où une majorité de l'AG a réussi à faire adopter des résolutions contre la volonté de Washington. Lorsque celles-ci n'ont qu'un caractère symbolique le représentant US ne réagit pas, ou mollement. Mais si des résolutions s'avèrent nuisibles « aux intérêts US dans le monde » alors le pouvoir impérial exerce ses "capacités de conviction" pour faire voter une nouvelle résolution annulant la précédente. Enfin, si nécessaire, Washington ne se prive pas de carrément violer les résolutions de l'AG.
enfin la fonction du Conseil économique et social est symbolique, ses compétences étant de fait assumées par le Fonds Monétaire International, l'Organisation Mondiale du Commerce, la Banque Mondiale, l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation Internationale du Travail.
Certains considèrent l'ONU comme une sorte de gouvernement mondial, bien que cette organisation ne soit ni un État ni une confédération. Elle constitue plutôt une sorte d'arène médiatique mettant en scène le jeu des appareil d'État des cinq pays membres permanents, pour le contrôle voire l'expansion de leurs « zones d'influences » respectives (celle des USA étant de très loin la plus étendue comme en témoigne la liste des bases militaires US dans le monde : source1, source2).
Le siège de l'ONU étant située à New-York, son réseau informatique et ses communications sont très probablement écoutés par les services de renseignement US.
La nature pacificatrice de l'ONU doit être considérablement relativisée. Cette organisation offre certes un cadre au sein duquel les grandes puissances peuvent parfois résoudre pacifiquement les conflits qui les opposent (directement ou indirectement via leurs États vassaux). Mais elle favorise aussi des accords "donnant-donnant" par lesquels les classes dirigeantes se partagent le monde et l'exploite à leur profit et au détriment de la collectivité.
Des États dont le système politique correspondrait à notre définition de la démocratie directe ne pourraient donc se satisfaire de l'ONU pour gérer les relations internationales. On comprend alors que notre future Confédération ne devrait être composée que d'États répondant à cette définition.
Le droit international a ceci de particulier qu'il ne repose pas sur la souveraineté démocratique d'un État supranational. Il en résulte que le droit international se construit de façon atypique, généralement en dehors d'un véritable débat public et démocratique.
Un des principes de base du droit international est illustré par la résolution 2131 (XX) de l'Assemblée générale des Nations Unies, datant de 1965 (donc pendant la période de décolonisation ...), et concernant la souveraineté des États. Voici deux extraits importants de cette résolution, dont l'URSS fut l'initiatrice :
« Aucun État n’a le droit d’intervenir, directement ou indirectement, pour quelque raison que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre État. En conséquence, non seulement l’intervention armée, mais aussi toute autre forme d’ingérence ou toute menace, dirigées contre la personnalité d’un État ou contre ses éléments politiques, économiques et culturels, sont condamnées » .
« Aucun État ne peut appliquer ni encourager l’usage de mesures économiques, politiques ou de toute autre nature pour contraindre un autre État à subordonner l’exercice de ses droits souverains ou pour obtenir de lui des avantages de quelque ordre que ce soit. Tous les États doivent aussi s’abstenir d’organiser, d’aider, de fomenter, de financer, d’encourager ou de tolérer des activités armées subversives ou terroristes destinées à changer par la violence le régime d’un autre État ainsi que d’intervenir dans les luttes intestines d’un autre État » [approfondir - source].
Ces principes furent rapidement l'objet d'amendements et modifications sous l'impulsion des USA et de l'Angleterre. Ainsi leur portée est contrecarrée par un article de la Charte des Nations Unies (Chap. I > art. 2 > parag. 7) stipulant que ces principes ne portent en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues au Chapitre VII. C'est là que l'OTAN entre dans le jeu ...
L'OTAN et le droit international
Gabriel Robin, ambassadeur et représentant permanent de la France auprès de l’OTAN et du Conseil de l’Atlantique nord de 1987 à 1993 :
« L’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. (...). Elle complique les rapports avec la Russie, ce qui n’est pas négligeable. Elle complique même le fonctionnement du système international parce que, incapable de signer une convention renonçant au droit d’utiliser la force, l’OTAN ne se conforme pas au droit international. Le non-recours à la force est impossible à l’OTAN car elle est précisément faite pour recourir à la force quand bon lui semble. Elle ne s’en est d’ailleurs pas privée, sans consulter le Conseil de sécurité des Nations unies. Par conséquent, je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de l’OTAN, une organisation inutile et nuisible, sinon qu’elle disparaisse » [source].
Ces propos furent parfaitement illustrés en 2017 par le président du Conseil européen, Donald Tusk, à l'occasion de la venue à Bruxelles du président US Donald Trump pour une réunion de l'OTAN : « J'ai l'intention de convaincre le président des Etats-Unis que l'alliance euro-atlantique signifie que le monde libre (sic !) coopère pour empêcher un ordre mondial post-occidental (sic !) » [source]. Nul doute que le reste de l'humanité (soit plus de 80% de la population mondiale) interprétera comme il se doit cet imbécile message suprémaciste et impérialiste.
Dans le cadre d'une analyse géopolitique prospective, il est utile d'observer l'évolution des rapports de force démographiques et économiques. Le tableau suivant montre qu'actuellement les treize pays les plus peuplés représentent 62% de la population mondiale, et que sept d'entre eux figurent dans le top 10 du classement des pays selon le PIB (mesuré en PPA).
Population | # pays | % pop. mond. | # dans top 10 PIB |
---|---|---|---|
> 1000 millions | 2 | 35 | 1 (CN), 3 (IN) |
100 à 350 millions | 12 | 27 | 2 (US), 4 (JP), 6 (RU), 7 (ID), 8 (BR) |
50 à 100 millions | 14 | 12 | 5 (DE), 9 (GB), 10 (FR) |
< 50 millions | 167 | 26 | aucun |
202 | 100 |
Sources :
fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_population
fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_(PPA)
Les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU sont surlignés en deux couleurs : bleu pour les membres de l'OTAN, rouge pour les autres. On peut le lire comme une illustration des rapports de force géopolitiques. Cependant, la présence du Royaume-Uni et de la France à la place de l'Inde (IN), l'Indonésie (ID) et le Brésil (BR) ne se justifie ni en terme de population, ni en terme de PIB. Dans le cas de l'Inde elle ne se justifie pas non plus en terme de dépenses militaires [source]. La composition des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ne correspondant plus à la réalié géopolitique, ses décisions ne devraient donc plus être considérées comme démocratiques, ou du moins légitimes.
Le Japon et l'Allemagne n'ont jamais fait partie des membres permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, car ce sont les perdants de la seconde guerre mondiale (PS ; l'ONU a été créée en 1945).
La nécessité d'une forme ou l'autre de gouvernance mondiale apparaît de plus en plus comme une évidence, aussi bien au niveau politique qu'économique (à l'instar d'ITER, les grands projets ne sont ni européens ni "occidentaux", mais mondiaux). Il importe cependant que cette évolution ne se fasse au détriment ni de la démocratie (oligarchie) ni de la diversité culturelle (impérialisme). Pour ce faire, le système politique le mieux adapté est une confédération d'États souverains, et non pas une fédération, et encore moins un gouvernement mondial.
Internet va-t-il progressivement conduire au démantellement des États et à leur remplacement par un oligopole de méga-entreprises privées, constituant "de facto" un gouvernement mondial hors de tout contrôle démocratique ?
Les géants du Web (Airbnb, Alibaba, Amazon, Apple, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Netflix, Twitter, Uber, Yahoo, etc.) – qui dominent le marché numérique – sont presque toutes des entreprises US, et 75% des organisations qui contrôlent les serveurs racines du DNS sont également états-uniennes ...
Je vous recommande vivement de visionner ces quelques extraits d'une conférence ("Droit et numérique") donnée en 2016 à l'Académie royale des sciences de Belgique par Yves Poullet, recteur de l'université de Namur et qui fut de 1979 à 2010 le directeur du Centre de recherches informatique et droit :
Les États face à Internet (2016, 34m40s)
On notera cependant d'importants manquements dans cette conférence :
Frontières numériques
L'idée selon laquelle il ne serait pas possible d'imposer des lois nationales aux entreprises "globales" sous prétexte qu'il ne serait pas possible d'installer des frontières numériques sur Internet est une légende urbaine savamment entretenue. Il est tout à fait possible d'installer des frontières numériques, et en outre à des coûts nettement inférieurs aux frontières physiques [exemple]. Il est donc tout à fait possible pour tout État d'imposer des règles nationales aux "entreprises globales", et à leur interdire l'accès aux marché numérique national si elles refusent ou sont incapables d'en respecter les règles.
Les frontières numériques sont un instrument permettant de neutraliser notamment :
Drapeaux de la francophonie (blanc) et de l'espéranto (vert)
La culture ne se réduit certes pas à la langue, mais celle-ci en constitue un élément important car le vocabulaire, la grammaire et la syntaxe propres à chaque langue influencent notre façon de penser et de nous exprimer [1]. Or la diversité culturelle est un facteur déterminant du progrès scientifique, par la confrontation d'approches différentes qu'elle induit. La langue internationale favorise la comparaison de ces diversités et l'enrichissement mutuel des cultures [2]. C'est pourquoi la neutralité politique et culturelle de la langue internationale est un principe fondamental de l'écologie sociale. Enfin la diversité culturelle internationale est une condition nécessaire à la résilience et au développement du système économique mondial.
Il importe donc de garantir la coexistence durable d'une double culturalité – nationale et internationale – sans phagocytage de la première par la seconde (principe de complémentarité durable). Il s'agit notamment de contrecarrer l'impérialisme culturel de certains États.
Le plan Marshall de 1947 constitue une étape importante de l'impérialisme culturel US : le gouvernement US imposa aux pays "libérés" non seulement ses bases militaires mais également l'obligation de projeter chaque année dans les salles de cinéma au moins 30% de films produits à Hollywood [source p. 47]. Ce n'était qu'un début puisqu'aujourd'hui ce taux a plus que doublé !
L'utilisation de l'anglais comme langue internationale favorise considérablement les anglophones de souche, que ce soit en politique, en affaires ou dans les sciences. D'où l'intérêt de développer un véritable cosmopolisme, et de ne pas régresser vers l'américanisme. Une solution consiste à instaurer officiellement une langue internationale construite à cet effet.
L'utilisation exclusive d'une langue nationale comme langue internationale conduirait nécessairement, in fine, à l'éradication des cultures nationales par la nation dont la langue est utilisée comme langue internationale, ce qui constituerait une très grave régression en matière de diversité culturelle. Il est donc urgent de développer l'usage d'une langue internationale construite à cet effet (LIC).
L'anglais c'est important pour réussir dans la vie (5m31s - 2017)
Ceci étant dit, force est cependant de constater que le latin demeura une langue internationale pendant plusieurs siècles après la chute de l'empire romain. Ce fait relativise les arguments que nous venons de développer. Mais d'autre part, la vidéo ci-dessus illustre de façon humoristique qu'il serait certainement très utile de créer de toutes pièces une langue internationale qui ne désavantage personne.
À notre connaissance il n'existe pas encore de LIC dont la conception et l'apprentissage ne privilégient aucune des familles linguistiques (les deux principales, l'indo-européenne et la sino-tinétaine, représentent 73% de la population mondiale [source]. L'espéranto ne répond pas à ce critère de neutralité, et en outre sa conception date du 19° siècle. Les sciences cognitives ont depuis lors beaucoup progressé. Aujourd'hui l'intelligence artificielle permettrait de concevoir un langue internationale culturellement neutre.
Il suffirait que quelques États mènent de concert une politique de promotion d'une LIC pour qu'après seulement une seule génération celle-ci commence à s'imposer comme langue internationale.
Une telle politique de LIC pourrait être fondée sur les quatre axes suivants :
Institutions internationales : la « Confédération des nations » évoquée plus loin devrait travailler et communiquer exclusivement dans la LIC choisie comme langue confédérale.
Enseignement : faire de cette LIC la seule langue "étrangère" de l'enseignement public primaire et secondaire de ces pays.
Technologies : mettre sur pied un programme international de développement d'une nouvelle génération de langages de programmation et de protocoles réseau, basés non plus sur l'anglais mais sur la langue confédérale.
Culture : favoriser la création et la distribution de productions réalisées dans cette LIC : cinéma, littérature, chanson, théâtre, production scientifique, médias d'information, ... ;
La domination culturelle de l'anglais ne s'est pas faite spontanément, ainsi le plan Marshall de reconstruction des infrastructures européennes détruites par la seconde guerre mondiale imposaient aux pays "bénéficiaires" de programmer au moins 30% de films américains dans les salles de cinéma [source p. 47]. Ce n'était qu'un début puisqu'aujourd'hui ce taux a plus que doublé !
Nous abordons ici trois problématiques clés de la linguistique : les technologies de traduction, la différence entre langue naturelle et construite, et enfin le piège du multilinguisme.
Technologies de traduction. Il y a peu de doutes que vont se généraliser les technologies de traduction automatique en temps réel [exemple]. En conséquence l'utilité d'une langue internationale se fera-t-elle moins sentir ? Pour tenter de répondre à cette question commençons par rappeler qu'aucune traduction – automatique ou humaine – ne peut résoudre complètement les différences sémantiques entre mots considérés comme équivalents entre deux langues. Il en résulte qu'aucune traduction n'exprime exactement la signification originelle d'un texte. C'est pourquoi il nous paraît indispensable de disposer d'une langue internationale culturellement neutre (donc qui n'est pas une langue nationale) – notamment en matière de droit international – que ce soit pour la rédaction originelle ou pour des traductions de textes conçus en langues nationales [exemple].
Langue naturelle ou construite ? De nombreuses langues (la plupart ?) ont perdu leur caractère "naturel". Il s'agit des langues nationales qui furent normalisées et officialisées par un État, de sortes qu'elles ont acquis un statut mixte. Mais la distinction entre langues "naturelles" et "construites" est une vue de l'esprit, inventée pour les besoins de la taxinomie linguistique. En effet toute langue ne "tombe pas du ciel" mais est le fruit de conventions sociales c-à-d d'une forme de ... construction. Et corrélativement toute construction sociale peut être vue aussi bien comme un phénomène naturel. Par conséquent l'argument selon lequel rien ne pourrait résister à l'hégémonie mondiale de l'anglais n'a aucun fondement scientifique : il est tout à fait possible de concevoir et instaurer une langue internationale qui supplanterait l'anglais.
Le piège du multilinguisme. La politique de diversité culturelle de l'UNESCO est fondée sur le concept de multilinguisme plutôt que sur le bilinguisme "langue nationale + LIC". La différence de terminologie n'est pas idéologiquement neutre. Ainsi dans la sphère économique le terme "multilinguisme" signifie la connaissance d'un maximum de langues étrangères, ce qui dans un monde de plus en plus globalisé où sont pratiquées des centaines de langues est de moins en moins réaliste.
En introduction à la section suivante notons que la monnaie est une forme de langage : comme tout langage la monnaie est un signe (une représentation) facilitant l'évaluation et l'échange de ses objets (matière ou information).
Commençons par préciser le vocabulaire : on parle généralement de devise dans le cadre de transactions internationales, et de monnaie dans le cadre de transactions au sein d'un même pays.
Une devise internationale peut avoir au moins quatre fonctions :
rendre possibles les échanges internationaux par d'autres moyens que le troc, au moyen d'une devise acceptée partout dans le monde ;
servir d'unité de mesure pour les statistiques internationales et la comptabilité d'organisations multinationales ;
servir de référentiel (étalon) par rapport auquel les gouvernements peuvent éventuellement mener une politique de change contrôlé ;
Cependant le change fixe n'est selon nous pas fondé car (i) il empêche l'ajustement automatique des soldes extérieurs, qui propage la croissance des pays en excédents vers ceux en déficit ; et (ii) le risque de change peut être couvert via le marché à terme sur devises [approfondir].
Cependant cet dernière fonction est de moins en moins réelle car les coûts liés à la conversion des taux de change diminuent constamment grâce à la généralisation (i) des paiements électroniques en devises étrangères ; (ii) de l'automatisation des calculs au moyen de logiciels ; (iii) de l'affichage électronique des prix en devises étrangères (étiquettes électroniques et applis de conversion visuelle sur téléphone mobile).
Une devise internationale doit vérifier diverses conditions :
Cette condition peut impliquer la nécessité de volumes suffisants relativement à ceux du marché des changes.
On peut distinguer trois types de devises internationales :
Depuis que les États existent certaines monnaies nationales font ou ont fait office de devises internationales. Il s'agit généralement de la monnaie de pays colonialistes et/ou impérialistes, utilisée comme devise internationale dans leurs "zones d'influences" respectives. Depuis le début du 20° siècle c'est le dollar US qui est (de loin) la première devise internationale.
L'avantage pour un pays d'avoir une monnaie faisant office de devise internationale est double :
acheter à l'étranger en payant dans sa propre monnaie (ce qui réduit le besoin de se procurer des devises étrangères via les exportations ou des emprunts) ;
utiliser les institutions monétaires internationales (en l'occurrence le FMI et la Banque mondiale) comme armes de conquête et de prédation économique sur des pays qui doivent emprunter cette devise.
Une monnaie nationale faisant office de devise internationale peut cependant constituer une contrainte pour le pays en question si ce statut va jusqu'à garantir la stabilité du système monétaire international (taux de change fixe). C'est pour cette raison que le gouvernement US a décidé en 1971 de mettre fin unilatéralement aux accords de Bretton Woods qui depuis 1944 garantissait la convertibilité du dollar en or. Le volume des échanges internationaux ayant atteint un niveau trop élevé par rapport au stock d'or (limité) détenu par la Banque centrale US, celle-ci a abandonné l'objectif de stabilité du système monétaire international en supprimant la garantie de convertibilité du dollar en or.
Une solution alternative aurait été que le gouvernement US réduise son déficit extérieur et augmente les taux d'intérêts US afin de ramener des dollars dans l'économie US et ainsi réduire le potentiel de demandes de conversion en or (qui sont surtout le fait d'agents économiques non états-uniens). Mais cela revenait à abandonner le statut de devise internationale, ce qui était incompatible avec la volonté US de demeurer la première puissance mondiale.
Dans ce cas la devise internationale est composée d'un "panier" de biens et services de premières nécessité. Il peut s'agit de matières premières (exemple : proposition du Terra), mais le plus souvent ce sont des devises dont la parité est fixée relativement aux autres devises ou relativement à la valeur moyenne du panier, éventuellement en autorisant des fluctuations dans une certaine marge. Il ne s'agit donc pas d'une monnaie unique (union monétaire) mais d'une devise commune : elle ne supprime pas les monnaies nationales mais les complète.
Des exemples (existants ou non) de devises construites sont le Bancor, les DTS et l'ECU.
Lors de la conférence de Bretton Woods (USA) en 1944 l'économiste britannique John Meynard Keynes avait proposé la création d'une unité de compte pour les échanges internationaux, appelée "Bancor", qui aurait un taux de change fixe avec les monnaies nationales. Chaque article exporté par un pays membre ajoute des bancors à son compte, et chaque article importé soustrait des bancors (NB : les bancors n'auraient été détenus que par les États et non par les agents privés [source p. 222]. Des limites sont imposées sur les soldes extérieurs (négatifs comme positifs), proportionnellement aux parts du pays dans le commerce international. Lorsque les limites sont dépassées, les pays déficitaires sont autorisés à se déprécier et les pays excédentaires à apprécier leur monnaie. En cas de dépassements récurrents, des mesures obligatoires sont imposées. Pour les pays en déficit récurrent : dépréciation de la monnaie et pénalités proportionnelles à verser au fonds de réserve. Pour les pays en surplus récurrents : réévaluation de la monnaie et pénalités proportionnelles à verser au fonds de réserve. La crédibilité d'un tel système repose sur la capacité de l'organisation internationale à imposer les mesures obligatoires (à supposer que ce principe de sanction soit pertinent d'un point de vue théorique), sans quoi les pays ne prendront probablement pas les mesures nécessaires pour les éviter [source]. Ce projet fut rejeté en raison de l'opposition de Washington qui préférait que ce soit le dollar qui soit consacré comme devise internationale.
Créé en 1969 par le FMI le droits de tirage spécial (DTS) est constitué d'un panier de devises réévalué tous les cinq ans. En 2016 le renminbi (la devise chinoise, encore appelée Yuan) a été ajouté au panier constitué du dollar américain, de l'euro, de la livre sterling et du yen. Le FMI peut allouer des DTS aux pays membres en proportion de leurs quotes-parts respectives. Ces allocations fournissent à chaque pays membre un actif de réserve international gratuit et inconditionnel [source]. L'avantage principal du DTS réside dans sa "neutralité" en ce sens que, contrairement au USD, sa disponibilité n'est pas liée à la situation de la balance des paiements US. Il ne constitue cependant pas un étalon monétaire invariable puisque sa valeur est fonction du poids et cours des monnaies constitutives. D'autre part le DTS n’est pas une monnaie : il doit être converti en devises pour pouvoir être utilisé comme moyen de paiement ou d'intervention sur les marchés des changes [source p. 219-221]. Le DTS n'est donc pas une créance sur le FMI mais une créance virtuelle sur les monnaies librement utilisables des pays membres du FMI. Les détenteurs de DTS peuvent se procurer ces monnaies en échange de DTS de deux façons : premièrement, sur la base d’accords d’échange librement consentis entre pays membres; deuxièmement, lorsque le FMI désigne les pays membres dont la position extérieure est forte pour acquérir des DTS de pays membres dont la position extérieure est faible. Enfin la masse de DTS est limitée par les cotisations des pays membres. Elle représente à peine quelques pourcents des réserves officielles. [source].
Pondérations des devises du panier DTS
Dollar | 42 |
Euro | 31 |
Yuan | 11 |
Livre | 8 |
Yen | 8 |
Total | 100 |
Le tableau suivant compare DTS et bancor.
DTS | Bancor | |
---|---|---|
Objectif | Garantir la disponibilité de liquidité internationale). | Régler les déséquilibre de balance courante entre pays. |
Changes | Fluctuants | Fixes (mais "ajustable") |
La European Currency Unit – ancêtre de l'euro (1980 à 2000) – était un panier constitué des devises européennes. L'ECU fut utilisé comme :
La valeur de chaque devise nationale était autorisée à fluctué de 1,125 % relativement à la valeur moyenne du panier. L'ECU n'a pas eu l'effet souhaité de stabilisation des cours des devises concernées, qui ont quasiment toutes subi une voire plusieurs dévaluations [source]. P.S. Ce fait aurait du éveiller l'attention des pays membres sur la non pertinence d'une union monétaire : des Traités de papier n'ont aucun poids par rapport à la réalité des marchés.
Dans ce cas les monnaies nationales sont supprimées et remplacées par une monnaie unique dans le cadre d'un État supranational visant à se substituer progressivement aux États nationaux. C'est le cas de l'euro et de l'Union européenne.
Le déficit économique et démocratique de l'UE par rapport à la Chine et aux trois pays européens non membres de l'Union [approfondir : contexte-economique-politique#UE-economie ; contexte-economique-politique#UE-politique] suggère que la réussite d'une Union monétaire requiert que les diverses régions de la zone monétaire vérifient trois types de condition :
économique : compatibilité des niveaux économiques et orientations de politique économique (libéralisme, collectivisme, ...), sans quoi l'Union monétaire (qui équivaut au change fixe entre pays membres) induit de fortes "dévaluation internes" [approfondir];
politique : fusion des États membres en un seul État, sans quoi l'Union monétaire limite considérablement les marges de manœuvre de la politique de développement économique ;
culturel : valeurs culturelles communes (langue, religion, ...), sans quoi il est politiquement très difficile de procéder à des transferts financiers substantiels entre régions, pour les investissements et la sécurité sociale.
L'extrême difficulté voire l'impossibilité pratique de vérifier ces conditions peut expliquer le déficit économique de la zone euro et le déficit démocratique de l'Union européenne. Le témoignage de la vidéo suivante confirme d'ailleurs que les organisations régionales comparables à l'UE (notamment l'ASEAN) ont bien compris, au vu de l'expérience européenne, qu'il faut éviter l'union monétaire.
De la non pertinence des unions monétaires (0m43s - 2017)
Extrait d'une conférence de Mario Telò, professeur de relations internationale et spécialiste de l'Union européenne, présentée à l'Académie royale de Belgique en 2017.
Nous avons montré que, d'un point de vue géopolitique, l'utilisation d'une monnaie nationale comme devise internationale profite surtout au pays dont cette devise est la monnaie nationale. C'est le cas du dollar, mais aussi de l'euro, politiquement conçu comme un clone du Deutsche Mark.
La future devise internationale/confédérale devrait selon nous vérifier les conditions suivantes :
La société humaine a urgemment besoin d'un réseau néguentropique confédéral, c-à-d un réseau public mondial visant à optimiser les flux d'information et d'énergie, aussi bien pour l'activité économique que politique. Il s'agit, via un réseau confédéral d'entreprises publiques nationales :
Il existe un lien fort entre information et énergie via :
Monnaie. À noter également que l'énergie est liée à la monnaie via l'information : Énergie ⇔ Information ⇔ Monnaie [approfondir].
Il importe de développer un réseau confédéral de services web : réseau social, moteur de recherche, intelligence artificielle, etc. Il s'agit notamment de concurrencer les quasi monopoles privés de "Google" et de "Facebook" :
réseau social : chaque État de la Confédération accorderait à chacun de ces citoyens un compte sur le réseau social public national, et une entreprise confédérale assurerait l'interopérabilité des réseaux nationaux ⇒ on obtiendrait ainsi un réseau social public & global pouvant concurrencer à la fois Facebook et Twitter.
moteur de recherche : chaque État gérerait un moteur de recherche public ciblé sur les serveurs web installés sur le territoire numérique national, et une entreprise confédérale assurerait l'interopérabilité des fonctions de recherche sur l'ensemble des moteurs nationaux ⇒ on obtiendrait ainsi un moteur de recherche public & global pouvant concurrencer Google.
Contrairement aux réseaux privés le réseau confédéral devra être protégé de toute forme de publicité (NB : ce sera un des ses avantages concurrentiels). Il s'agit de notamment protéger les utilisateurs contre la propagande organisée, l'incitation à consommer et le vol de données.
Techniquement ce réseau confédéral serait de type pair à pair, et les nœuds de sa structure de base constituées par les États membres de la Confédération.
Il importe de développer un réseau mondial (*) de compensation (**) d'énergies intermittentes (solaire, éolien, ...), permettant le transfert d'électricité des régions en surproduction temporaire vers celles en sous-production temporaire, notamment d'électricité photovoltaïque entre régions du monde dont les cycles journaliers ou saisonniers (***) sont opposés. Voir à cet égard les travaux de Damien Ernst, professeur à l'université de Liège, sur "The Global Grid" : vidéo en français ; article en anglais .
Sans véritable démocratie il n'y a pas de véritable État-nation, et inversement car le second est – par le service public – l'expression physique de la première. Quant aux États-nations dans leur ensemble ils garantissent – notamment par leur langue nationale respective – la diversité culturelle internationale (condition nécessaire à la résilience et au développement du système économique mondial).
Nous définissons l'État-nation idéal sur base de six principes, dont la démocratie directe, qui constitue le principe de base sur lequel les cinq autres peuvent être construits. On peut les regrouper selon leur fonction de cohésion et de souveraineté nationale :
Cohésion nationale | Souveraineté nationale |
---|---|
|
|
démocratie directe |
L'internationalisme confédéral est traité dans la section suivante. Les autres principes sont développés ci-dessous.
Afin de rationaliser leur fonctionnement les États devraient évoluer en se recomposant – par sécessions ou regroupements – en régions monolingues : la Wallonie avec la France, la Flandre avec la Hollande, le sud-ouest des USA avec le Mexique, etc. La langue constitue le premier facteur de cohésion nationale et de diversité internationale. Ainsi si les Écossais ont voté contre la sécession lors du référendum de septembre 2014 c'est essentiellement parce que l'anglais est la langue maternelle de 98% des écossais. Par contre en Catalogne le pourcentage d'habitants dont le castillan – langue officielle de l'Espagne – est la langue maternelle tombe à 55% (c'est du moins le chiffre officiel, mais peut-être est-il encore plus bas ...), ce qui peut expliquer la victoire des indépendantistes catalans aux élections régionales de septembre 2015.
Notons enfin que dans le nationalisme linguistique, l'identité nationale n'est pas fondée sur une origine commune supposée (religieuse, biologique, ...), mais sur la langue nationale, laquelle est :
Minorités culturelles. La langue nationale constitue un médium indispensable par lequel les diverses communautés ethniques de la nation peuvent créer des liens entre elles. Elle est bien plus qu'un lien inter-communautaire, elle est la marque de cette suridentité collective qu'est l'identité nationale linguistique, commune aux différentes communautés.
Les États-nations sont donc solidaires dans la préservation – et même le développement – de la diversité (culturelle, économique, ...), de sorte qu'ils sont les ennemis jurés de l'impérialisme.
La limitation des écarts de richesse est indispensable pour garantir un minimum de cohésion sociale. D'autre part sans limitation des écarts de richesse l'exercice de la démocratie n'est pas possible, par contre sa simulation (notamment via le contrôle de médias de masse par un classe de super-riches) est d'autant plus facile. D'autre part de récentes études du FMI et de l'OCDE montrent que les écarts de richesse nuisent à la croissance économique [FMI-2015, OCDE-2014]. Enfin selon nous la concentration du capital se traduit par une uniformisation stérilisante de l'environnement, aussi bien dans les villes bétonnées que dans les campagnes défigurées et appauvries par les immenses champs de l'agriculture industrielle.
La limitation des écarts de richesse est opérée, automatiquement et de façon non arbitraire, via le principe d'écart de richesse optimal.
L'union monétaire européenne ne peut fonctionner efficacement que s'il y a homogénéité des économies des pays membres, ce qui est difficilement réalisable sans homogénéité culturelle. C'est la raison pour laquelle les politiques économique et culturelle de l'UE, tout en prétendant défendre le "multiculturalisme", font en réalité exactement le contraire en éradiquant progressivement les cultures régionales pour les remplacer par le mode de vie « made in US » (dont l'anglais) [3]. D'autre part nous avons montré que sous certaines conditions de politique économique le change flexible peut propager la croissance des pays en excédant de balance commerciale vers les pays en déficit commercial. Or l'union monétaire (entendue comme monnaie commune et unique) empêche cette autorégulation vertueuse [approfondir]. Il convient donc de sortir unilatéralement de l'Union européenne.
Nous recommandons en outre que la monnaie soit créée et allouée par l'État, selon les principes du financement distributif de l'allocation universelle.
Dans notre article democratiedirecte.net/conditions nous avons énoncé les conditions requises pour garantir le contrôle démocratique des moyens de production de masse :
N.B. Il s'agit de l'AU de notre modèle synthétique, dont environ 15 % correspond à la symétrisation de la création et allocation monétaire, c-à-d création à rythme constant, et distribution gratuite et en parts égales entre les seules personnes physiques.
Le principe d'ouverture des marchés nationaux permet sous certaines conditions d'amplifier et propager le développement économique. Mais il peut aussi s'avérer nuisible : dumping, délocalisations, fraude fiscale, néocolonialisme, ... Se pose alors la question : comment éviter que les effets négatifs du libre-échange l'emportent sur ses effets positifs ? Pour ce faire deux conditions nécessaires doivent selon nous être vérifiées :
Pour approfondir lire notre article sur le libre-échange.
Les principes de l'État-nation étant établis, venons-en maintenant à ceux de leur Confédération.
La Confédération des États aurait pour objet de faciliter la coopération internationale (commerce, technologie, droit, sécurité, ...) tout en préservant la souveraineté des États membres. Pour ce faire la Confédération serait fondée sur trois piliers : politique, culturel et économique.
Politiquement la Confédération serait une organisation horizontale préservant la souveraineté des États : la Confédération ne se situe pas au-dessus mais au côté des États-nations (PS : le préfixe "con" est dérivé du latin "cum", qui signifie "avec").
En outre la Confédération applique le principe de "complétude minimale" : la Confédération ne s'implique que dans les domaines ayant un aspect international (elle a donc vocation à remplacer la plupart des institutions internationales) mais le moins possible (afin de préserver la souveraineté des États-nations). Ce double principe de complétude minimale peut être formulé de façon plus imagée : "surface & épaisseur minimales".
Enfin la Confédération aurait la responsabilité des espaces internationaux : les eaux internationales et l'espace (PS : la Constitution de la Confédération devrait stipuler que les armées nationales ne peuvent naviguer dans – ni survoler – les eaux internationales, seule l'armée confédérale y étant autorisée).
Langue confédérale : la Confédération ne travaille et communique que dans la langue internationale construite (LIC) qui a été choisie comme la langue Confédérale. Celle-ci est la seule langue "étrangère" de l'enseignement public primaire et secondaire des pays membres de la Confédération.
La Confédération des États utilise des entreprises confédérales (donc des entreprises publiques multinationales) pour gérer le droit international et les infrastructures internationales :
droit international, dont en particulier :
infrastructures internationales :
On notera qu'en institutionnalisant ainsi pour chaque pays le principe de double culture nationale et internationale la Confédération préserve la diversité culturelle tout en organisant la coopération internationale.
Aller plus loin ? Dans une éventuelle étape suivante on pourrait même imaginer que chaque État cède à la Confédération – de façon définitive et irrévocable – une zone habitable frontalière représentant au maximum 0,1% de son territoire national, et dont la superficie et la population ne peuvent dépasser la valeur moyenne des États de moins de cinquante millions d'habitants. Il y aurait ainsi un État confédéral, au territoire éparpillé, se situant au côté des autres États, et dans la composition duquel aucun de ceux-ci ne serait surreprésenté.
Quelle est la différence entre fédération et confédération ?
Ceci dit, on pourrait aussi imaginer une Confédération en tant qu'État spécial. Par exemple chaque pays membre céderait à la Confédération – de façon définitive et irrévocable – une zone habitable frontalière représentant au maximum 0,1% de son territoire national, et dont la superficie et la population ne peuvent dépasser la valeur moyenne des États de moins de cinquante millions d'habitants. Il y aurait ainsi un État confédéral, au territoire éparpillé, se situant au côté des autres États, et dans la composition duquel aucun de ceux-ci ne serait surreprésenté.
La Confédération des États ne doit pas nécessairement être composée de l'ensemble des pays de la planète dès sa création. L'initiative peut être lancée par seulement trois ou quatre pays situés sur des continents différents. Plus ces pays seront différents culturellement et politiquement plus l'initiative sera crédible. Ils devront poser les bases des principes énoncés dans la section précédente.
Dans la section consacrée à l'ONU nous avons montré pourquoi la Confédération ne fait sens que si elle est uniquement composée de pays dont le système politique répondrait à notre définition de la démocratie directe. Dans cette logique la Confédération ne pourrait reconnaître la souveraineté que de ses seuls États membres. Sur les autres pays elle pourrait donc exercer un pouvoir coercitif. Le tableau suivant expose le cas des États qui à cet égard sont problématiques.
Pays | Problèmes | Proposition |
---|---|---|
USA | Grande taille, classe dirigeante, régimes vassaux (Arabie Saoudite pour le soutien du terrorisme, Israël pour son réseau international de diffamation). | Tant que les USA n'auront pas fermé leurs bases militaires situées en dehors des USA, la Confédération devra oeuvrer à son démantèlement en plusieurs États. Quant aux régimes d'Arabie Saoudite et d'Israël ils doivent être supprimés : division pour l'Arabie Saoudite, fusion avec la Palestine pour Israël [4]. |
Chine | Grande taille, classe dirigeante. | Les libertés individuelles progressent [source]. Mais si la Chine devient impérialiste la Confédération devra oeuvrer à son démantèlement en plusieurs États. |
Russie | Grande taille, leader historique. | La Russie et les États limitrophes pourraient sombrer dans le chaos lorsque Putin quittera le pouvoir. Il faut encourager Putin à achever son oeuvre politique par l'instauration de la démocratie directe. |
Les personnes et organisations désirant s'impliquer dans la réalisation de la Confédération sont invitées à rejoindre les forces konfédérales.
[1] Théorie du relativisme linguistique de Sapir-Whorf. Voir aussi les travaux de Cole (1971) et de Serpell (2000) montrant que ce qui est considéré comme intelligent dans une culture ne l'est pas nécessairement dans une autre.
[2] Il existe cependant de nombreux concepts dont la traduction parfaite est impossible car ceux-ci sont perçus différemment selon la culture linguistique. Par exemple la notion de "temps" n'est pas la même eu Europe et en Afrique (ce qui peut d'ailleurs expliquer pourquoi l'Afrique est difficilement intégrable dans le modèle économique occidental). Mais cet exemple illustre bien le phénomène de relativisation réflexive par la confrontation de conceptions issues de cultures diverses, et qui est source fondamentale de remises en question permanentes et de progrès scientifique.
[3] Une répression idéologique est également menée par la classe politique européenne et leurs amis les journalistes contre les citoyens qui s'opposent à cette « solution finale culturelle », lesquels sont calomniés sous l'accusation de promouvoir le "replis culturel", alors qu'il s'agit exactement du contraire, défendre la diversité culturelle.
[4] Nous insistons ici sur les problématiques purement internationales posées par ces régimes vassaux. Demeurent évidemment leur problématique locale/régionale : dictature familiale pour l'Arabie Saoudite, colonialisme et apartheid pour Israël.
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Une publication de François Jortay