Nous tentons ici de synthétiser les grandes tendances qui ont marqué l'histoire économique et politique des cinquante dernières années, et d'identifier les forces en présence.
Afin d'identifier la meilleure voie dans laquelle nous pourrions orienter la société humaine (car rien n'est écrit) – et la méthode la plus efficace pour ce faire – il importe en effet de comprendre les facteurs qui ont déterminé son évolution vers la situation actuelle.
Le développement rapide des moyens de transport et de communication (⇑ réseau, ⇑ vitesse, ⇑ volume, ⇓ coût) a stimulé la mobilité des facteurs de production – capital (finance et technologie) et travail (flux migratoires) – et partant le commerce international.
Ce progrès technique et économique fut accompagné d'une amélioration globale de certaines conditions de vie : baisse de la mortalité infantile et de l'analphabétisme, ou encore hausse de la durée de vie. Les progrès dans ces domaines sont cependant essentiellement dus à l'Inde et la Chine, qui représentent à eux deux un tiers de la population mondiale. Ainsi la situation de l'Afrique demeure préoccupante.
Il y a donc des ombres dans ce tableau globalement positif, dont les écarts de richesse (entre pays mais aussi entre classes sociales) qui demeurent très importants voire s'élargissent, comme l'illustre l'explosion des revenus des stars médiatiques (sportifs, artistes, leaders d'opinion, etc), sans commune mesure avec l'évolution des revenus de l'écrasante majorité de la population. Cela pose des problèmes de cohésion sociale et de démocratie : apparaît ainsi une classe dominante/dirigeante, déconnectée de la réalité des masses.
Cette évolution s'inscrit dans un contexte idéologique "libéral" qui s'est imposé dans le monde durant les années 1980 et 1990 [source], et a :
Ainsi dans les pays les plus développés la transformation des modes de production s'est traduite par une transnationalisation des grandes entreprises privées, sous la forme de délocalisations et de fusions & acquisitions, conduisant à l'émergence d'entreprises globales quasi monopolistiques :
La nature débridée de cette mondialisation induit des effets pervers, dans les sphères réelle et financière :
Sphère réelle : motivations et/ou effets "dumping" des délocalisations d'entreprises des pays développés et de travailleurs des pays en développement :
Ainsi en Allemagne la baisse du taux de chômage depuis les réformes Hartz du début des années 2000 s'est accompagnée d'une hausse du taux de pauvreté [graphique - source].
« Le président de la Fédération allemande de l'industrie rappelle que l'Allemagne, pays dont la population est vieillissante, a besoin d'une main-d'œuvre qualifiée étrangère » [source].
dumping fiscal --> baisse des recettes publiques --> soit la sécurité sociale dispose de moins de moyens pour soutenir les travailleurs précarisés soit il faut accepter une hausse des dettes publiques ;
Les économistes "libéraux" préfèrent parler de "concurrence fiscale", dont la logique est in fine la destruction des États au seul bénéfice des plus riches. En outre l'analogie avec la concurrence entre produits et services sur le territoire national est non pertinente car (i) elle revient à réduire le citoyen à un consommateur et (ii) changer de pays comme de produits/services n'est ni réaliste ni souhaitable (notamment pour l'environnement).
dumping environnemental --> non réalisation des objectifs de limitation d'émission de CO2 ;
Sphère financière : instabilité. Grâce au développement des télécommunications et de la monnaie électronique le capital financier est devenu beaucoup plus mobile que le capital non financier et que le travail (il est nettement moins coûteux de transférer une somme d'argent de l'autre côté de la planète qu'une machine ou un humain). Cela a contribué au développement massif de la sphère financière par rapport à la sphère réelle, rendant ainsi le système économique international beaucoup plus instable. Cette instabilité résulte des bulles spéculatives mais également de la concomitante propension du capital financier à se déplacer massivement et brusquement sur toute la planète.
La globalisation implique donc le libre-échange et conduit à la disparition des États-nations. En thermodynamique cela s'appelle l'entropie, en l'occurrence la décomposition d'un système organisé, vers l'indifférenciation de ses composants, ce qui en biologie comme en sociologie conduit irrémédiablement à la mort des individus et organisations. Ce processus délétère est fondé sur la diminution constante :
Il y a ainsi un arbitrage à opérer, c-à-d un équilibre à déterminer, entre le commerce international (qui stimule le développement économique) et l'autarcie (qui protège des chocs externes). Pour opérer cet arbitrage il importe d'agir à la fois sur :
Grâce à des innovations technologiques telles que les marchés bifaces ou la robotisation augmentée par l'intelligence artificielle, le rapport qualité/prix de nombreux produits ou services s'améliore de façon substantielle.
Ainsi les délocalisations évoquées plus hauts n'expriment pas seulement une désindustrialisation, mais aussi une transformation de la structure productive nationale vers des activités à plus haute valeur ajoutée. Le graphique suivant montre une tendance baissière de la production de l'industrie manufacturière en France (-7 % entre 2000 et 2017, soit -0,5 % par an en moyenne) mais une hausse de la valeur ajoutée par cette même industrie.
Production = biens intermédiaires + valeur ajoutée. Si plus de biens intermédiaires proviennent de l'étranger, cela se traduit par une dégradation du solde de la balance commerciale des biens manufacturés. Mais la désindustrialisation s'accompagne aussi du développement du secteur des services dans l'économie nationale.
Cependant cette évolution provoque également une précarisation structurelle du travail. Les nouvelles technologies créent certes de nouveaux emplois (surtout dans les services), et parfois plus que les emplois devenus obsolètes. Mais ceux qui ont perdu leur emploi (surtout dans l'industrie manufacturière) sont rarement ceux qui en trouvent un dans les nouvelles technologies. Et quand par chance ils retrouvent du travail c'est souvent sous CDD, qui sont des emplois généralement moins rémunérés, plus stressants et avec une moindre perspective de carrière que le CDI. Ainsi une minorité de la population s'enrichit tandis qu'une majorité s'appauvrit relativement. Cette dégradation est invisible au regard du seul PIB par habitant (qui n'est qu'une moyenne).
Les dix plus grandes entreprises du monde en terme de capitalisation boursière (NB : toutes technologiques et états-uniennes ...) sont cependant des naines en terme d'emplois. Ainsi les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) emploient à elles quatre moins de salariés que la seule société Volkswagen ! [source].
En outre, avec l'accélération du développement scientifique et technologique, la durée de vie d'un nombre croissant d'innovations est inférieur à la durée de vie professionnelle (ce qui n'était généralement pas le cas aux 19° et 20° siècles) accélérant et accentuant ainsi le phénomène de déclassification des travailleurs, même dans le secteur des services.
Chômage très sous-évalué. La méthode de calcul des taux de chômage les plus publiés ne comptabilise pas les emplois à temps partiel sans équivalent temps plein. Aux USA le taux incluant le chômage caché, telle que défini et mesuré par shadowstats.com, serait plus de quatre fois supérieur au taux de chômage officiel le plus publié : plus de 20% au lieu d'environ 5% ! [source].
Alors que depuis le début des années 1980 le gouvernement chinois a partiellement "libéralisé" l'économie tout en préservant sa capacité à mener une politique publique de développement économique (notamment via des entreprises publiques), en Europe les gouvernements de l'UE sont totalement soumis à l'idéologie "libérale" de ses traités, qui conduit à la privatisation des entreprises publiques (et même des services publics) et à des politiques fiscales favorables aux plus riches (individus et grandes entreprises). Il en résulte que les États ne disposent plus des moyens leur permettant de mener une politique industrielle proactive.
Auto-régulation. Avec la privatisation des entreprises et services publics l'État perd les savoir-faire lui permettant de réguler efficacement le secteur privé. Ce déficit informationnel conduit irrémédiablement l'État à s'en remettre aux lobbies du secteur privé pour rédiger eux-mêmes les lois régulant leurs propres activités !
En outre la politique monétaire des banques centrales européenne et US, qui est dictée par le chantage au risque systémique des banques privées, draine une création monétaire massive vers les actifs financiers (c-à-d essentiellement vers le plus riches) notamment par des fusions & acquisitions produisant des méga-entreprises en situation de quasi-monopole (ce qui se traduit théoriquement par une dégradation du rapport qualité/prix des biens et services).
Démocratie. L'influence politique de ces méga-entreprises et l'augmentation concomitante des écarts de richesse deviennent tels que la démocratie "représentative" n'est plus qu'une façade.
Il devient donc de plus en plus difficile pour les États membres de l'UE d'assumer efficacement leurs fonctions productives et redistributives. C'est là une absurdité économique, qui s'explique par l'hégémonie de l'idéologie néolibérale dans les traités de l'UE.
Certains éléments de l'idéologie libérale sont pertinents. Ce que est nuisible c'est la situation hégémonique. J'ai montré qu'il serait préférable de développer une économie mixte, et proposé des critères objectifs pour ce faire [approfondir].
Ainsi entre 2000 et 2016, alors que le PIB/hab de la Chine connaît un taux de croissance annuel moyen de 8,9%, l'UE "stagne" à 0,7% par an !
Alors que le PIB/hab chinois représentait 11% du PIB/hab européen en 2000, ce pourcentage était de 37% en 2016. Si sa croissance exponentielle se poursuit au même rythme, le PIB/hab chinois dépassera le niveau européen en ... 2027 !
Petit débat sur R2 : statistiques.forumpro.fr/coefficient-de-determination-et-regression-non-lineaire
La comparaison avec les trois pays non membres de l'UE (Islande, Norvège, Suisse) confirme que l'UE, et en particulier l'euro, nuisent au développement économique.
La colonne B du tableau suivant montre que sur la période 2000-2018 le taux de croissance annuel moyen du PIB des trois pays non membres de l'UE fut de 2,3% contre seulement 1,6% dans l'UE (et 1,4% dans la zone euro !). La colonne C montre que le taux de chômage moyen des pays non membres était de 3,8% fin 2018, contre 6,6% pour les pays membres de l'UE (7,9% dans la zone euro !). Enfin colonne D : durant la période 2007-2017 le solde public annuel fut en moyenne en surplus (3%) dans les trois pays non membres tandis qu'il fut en moyenne en déficit (-3,1%) dans les pays membres.
Causalité. S'il existe un lien direct ⇑ croissance ⇒ ⇓ chômage ⇒ ⇑ solde public, la relation inverse n'est (i) pas directe et (ii) peut-être pas de même signe. Pour approfondir ces mécanismes voir notre article sur la dette publique. Notons déjà ici que les trois pays non membres de l'UE ont en commun deux particularités qui déterminent considérablement l'efficacité de la politique budgétaire : petite taille et démocratie très développée.
Parités de pouvoir d'achat (PPA).
La parité de pouvoir d'achat (PPA ) est une méthode statistique utilisée pour comparer des données entre des pays dont les monnaies n'ont pas la même valeur. Il s'agit de tenir compte du fait que la même quantité d'argent ne représente pas la même richesse dans des pays différents. Elle est utilisée pour comparer des données telles que le produit intérieur brut (PIB) ou le PIB par habitant. On parle alors de PIB PPA.
Autrement dit, les PPA sont les taux de conversion monétaire qui on pour objet d'égaliser les pouvoirs d'achat des différentes monnaies en éliminant les différences de niveaux des prix entre pays. Le panier de biens et services dont les prix sont déterminés est un échantillon de tous ceux qui composent la dépense finale, à savoir la consommation finale des ménages et des administrations publiques, la formation de capital et les exportations nettes. Cet indicateur est mesuré en unités monétaires nationales par dollar US [tableau].
On peut donc voir les PPA comme des taux de change théoriques. Une question de fond est de savoir s'il est pertinent de considérer ces taux théoriques comme des valeurs d'équilibres vers lesquelles tendraient les taux du marché en l'absence de chocs externes [approfondir].
Pour comparer les PIB de différents pays, il est donc théoriquement préférable d'utiliser les PPA plutôt que les taux du marché, car « ces derniers sont déterminés par bien d’autres facteurs que les simples comparaisons directes de prix qui sont nécessaires pour effectuer des comparaisons en volume. Les parités de pouvoir d’achat (PPA) permettent ces comparaisons de prix ».
Cependant le concept théorique de PPA est sujet à diverses limitations. Notamment, un « défi des comparaisons dans l’espace vient de ce que l’on doit comparer des volumes ou des prix dans des économies parfois très différentes. Des biens et services qui sont caractéristiques d’un pays peuvent ne pas l’être d’un autre » [source].
Le panier des biens choisis pour calculer les indices PPA peut donc influencer les valeurs relatives des PIB. Notons à cet égard que les graphiques ci-dessus sont établis sur base des données de l'OCDE (dont le siège est à Paris), tandis que celles du présent encadré proviennent de la Banque mondiale, du FMI (dont les sièges sont établis aux USA) et de la ... CIA. Aux biais culturels inconscients peuvent s'ajouter des biais géopolitiques conscients.
1990-2021
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Si l'utilité didactique des PPA est indéniable, son utilisation pour l'analyse économique doit être faite avec prudence : il importe de combiner cette information avec d'autres.
Un facteur d'imprécision potentielle sans doute plus déterminant que les PPA est la méthode d'évaluation du PIB lui-même, notamment en termes qualitatifs [approfondir].
Les pays dont la monnaie avaient connu avant l'union monétaire de récurrentes dévaluations ont certes bénéficié d'une prime de risque inférieure sur le taux d'intérêt des emprunts d'État. Mais d'autre part la résorption des déséquilibres des balances commerciales via les taux de change n'étant plus possible, cette résorption se fait alors intégralement par dévaluations internes" (baisse des salaires et des dépenses de SS).
Mais ce n'est pas tout ...
Critères "de convergence". Lors des négociations préalables à la création de l'Union monétaire européenne, l'Allemagne a obtenu en échange de son renoncement à une politique monétaire indépendante, et pour éviter de devoir venir en aide à des pays de la zone euro, que toutes les politiques budgétaires nationales de l'Union soient également contingentées. Ce sont les critères de convergence du Traité Maastricht, règles sans aucun fondement scientifique, incitant les États membres à maintenir leur dette publique en dessous de 60% du PIB.
La contrainte des critères de convergence est certes appliquée avec une certaine souplesse, laissant opérer la fonction contracyclique du déficit budgétaire, à savoir en période de récession, la stabilisation automatique de la demande via les dépenses de chômage et la baisse des recettes fiscales. D'autre part les critères de Maastricht ne sont certes effectivement contraignants que lorsque les pays en défaut sollicitent une aide financière à l'ensemble des pays membres (lesquels vont alors la conditionner).
Mais il reste que la motivation historique des critères de convergence repose bien sur l'absence de solidarité intra-européenne de la part de l'Allemagne (et probablement des autres pays membres les plus riches), de sorte que la probabilité est quasiment nulle qu'un véritable État européen avec un budget (pour le développement économique et la sécurité sociale) puisse un jour se substituer aux États membres. Et si l'on calibrait la sécurité sociale de cette UE hypothétique sur celle du pays membre actuellement le moins avancé en la matière, on provoquerait une épouvantable régression sociale dans le reste de l'UE, et probablement des soulèvements populaires. L'UE est donc une impasse.
De la non pertinence des unions monétaires (0m43s - 2017)
Lors d'une conférence présentée à l'Académie royale de Belgique en 2017, Mario Telò, professeur de relations internationales et spécialiste de l'Union européenne, explique que les organisations régionales comparables à l'UE (notamment l'ASEAN) ont bien compris, au vu de l'expérience européenne, « qu'il ne faut pas se lancer dans une union monétaire ».
La source du problème se situe également dans le caractère idéologique (en l’occurrence libéral) plutôt que scientifique des traités européens. Ainsi dans un article publié par l'Association britannique du droit constitutionnel, Danny Nicol, professeur de droit public à l’université de Westminster montre que le biais idéologique du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne en faveur de l'idéologie libérale (*) a notamment pour effet de criminaliser toute politique collectiviste [source].
(*) On notera en particulier des articles pouvant être invoqués pour interdire des monopoles d'État (article 106), des aides publiques (article 107), ou encore des entraves aux délocalisations et même à la fraude fiscale ! (article 63) [source].
Trahis par leurs gouvernements, les États sont progressivement dépecés par privatisation des entreprises publiques (poste, chemins de fer, banques publiques, ...) et même des services publics (enseignement, soins de santé, sécurité sociale, justice, police, armée, ...), tous étant considérés "nécessairement" mieux gérés par une entreprise privée, et cela au bénéfice de la collectivité. Or non, les entreprises privées ne placent pas l'intérêt collectif avant leur intérêt privé, comme en témoigne la crise de 2008 et le chantage au risque systémique exercé par les banquiers pourris (qui sont bien les producteurs de produits financiers pourris).
La stratégie de l'UE pour tuer les entreprises publiques du service public c'est de réduire progressivement leur financement public afin de rendre impossible les conditions de travail ⇒ dégrader la qualité des services ⇒ pousser les citoyens vers des entreprises privées plus chères [France : L'hôpital public au bord de la crise de nerfs ; Belgique : Hôpitaux publics bruxellois: le ras-le-bol des blouses blanches].
La PAC, c-à-d la subsidiation des agriculteurs européens, représente environ la moitié du budget de l'UE. En outre 80% du budget de la PAC profite aux 20% des agriculteurs les plus riches (ce qui que implique 40% du budget de l'UE finance environ 1% de sa population). Enfin ces subsides nuisent aux consommateurs de l'UE, qui paient des prix plus élevés que s'ils pouvaient profiter des produits bon marchés des PVD. Corrélativement la PAC nuit également aux producteurs de ces PVD.
La PAC, mesure contraire aux principes du libéralisme dominant, s'explique-t-elle par un poids encore élevé de l'électorat agricole ? Ou par la corruption des décideurs politique par des entreprises agricoles industrielles ? En tous cas ce ne semble pas être l'indépendance stratégique puisque le système génère même des surplus.
Lorsque l'AU sera instaurée nous pourrons supprimer la PAC, et ne protéger l'agriculture que sur base des critères d'échange durable [libre-echange#echange-durable], déterminés par la Confédération des États souverains.
L'idéologie libérale dominante prônant la suppression de toute politique industrielle publique via des entreprises publiques (et cela même au sein des partis politiques prétendument "socialistes" et "écologistes"), il en résulte une incapacité à réaliser suffisamment rapidement la transition vers des énergies et technologies à faible taux d'émission de gaz à effet de serre. En effet les entreprises privées étant motivées par la maximisation des bénéfices à court terme, c-à-d pendant la vie de leurs propriétaires, ceux-ci ne sont pas disposés à réaliser des investissements qui ne porteront leurs fruits qu'après leur mort, et surtout qui ne seront peut-être rentables que d'un point de vue collectif.
D'autre part l'écologie politique c-à-d l'écologie en tant qu'idéologie plutôt que science nuit à la transition énergétique : en abandonnant le nucléaire comme le revendiquent les écolos nous abandonnons un moyen efficace qui nous permettrait de réaliser rapidement la transition énergétique [/developpement-durable#variation-climatique-actuelle].
L'Afrique subsaharienne connaît une très forte croissance démographie qui, renforcée par le réchauffement climatique et des troubles politiques, génère des mouvements migratoires, notamment vers l'Europe.
Évolution et prévision de la population en Chine, Afrique et Europe
Source : ONU in senat.fr (2013). NB : il convient d'interpréter avec prudence les prévisions en matière démographique, qui ont une forte propension à exagérer ex-ante les évolutions observées ex-post.
Cette situation provoque deux types de réaction dans les pays européens :
Effets nuisibles de l'émigration
Dans l'analyse des migrations, et particulièrement pour améliorer la situation de toutes les parties concernées, il importe de prendre en compte l'intrication (politique, économique, sociale, culturelle, géostratégique, ...) entre les deux faces de la problématique : émigration et immigration.
Les flux d'émigration ont des effets nuisibles pour le développement et l'environnement.
Développement. L'émigration prive les pays d'origine des individus les plus jeunes et les mieux formés, c-à-d les forces vives du pays [source].
Cette affirmation concerne l'émigration habituelle, et non celle provoquée par des événements catastrophiques. Mais dans les deux cas, l'émigration des forces vives aggrave la situation de celles et ceux qui restent (en particulier les mères de famille et les vieillards).
Environnement. Qui dit émigration dit transport (et d'autant plus long que le pays d'immigration n'est pas un pays voisin). Or ce transport n'est pas un "one shot" car les émigrés gardent des liens « avec le pays » : beaucoup y prennent leurs vacances, parfois plusieurs fois par an. Par conséquent si les souhaits des fédérations patronales de démultiplier les flux migratoires [source] étaient vérifiés on assisterait à une explosion des transports, premier facteur d'émission de CO2 ...
Pourquoi les partis écologistes ne dénoncent-ils jamais ces deux effets nuisibles de l'émigration ? Une explication possible est que le lobby des grandes entreprises contrôlerait (i) les cadres de ces partis via leur financement (les élections ça coûte cher ...), et (ii) la base de ces partis via le financement de productions médiatiques de propagande (films, pseudo-reportages, articles de presse, etc) .
Le cas de la France est particulièrement intéressant car le taux de fécondité y est le plus élevé des pays européens [source]. Or le tableau suivant montre deux choses :
Contribution des immigrées au taux de fécondité en France (nombre d'enfants par femme)
Source : INSEE
Différentes option d'une politique démographique : natalité, emploi, immigration :
natalité : crèches, allocations familiales, ... ⇒ n'a d'effet sur le marché du travail qu'une vingtaine d'années après l'ajustement de la politique de natalité ;
emploi : accroître le taux d'emploi ("activer" les "inactifs") pour abaisser le ratio de "dépendance démographique" ⇒ effet à moyen terme :
immigration : encourager et faciliter l'immigration ⇒ effet immédiat sur le marché du travail mais politiquement difficile en raison des résistances évoquées supra ; en outre l'émigration a pour effet de priver les pays en développement de leur forces vives.
Selon un rapport de l'ONU paru en 2001 "Les migrations de remplacement : s'agit-il d'une solution au déclin et au vieillissement des populations ?" : résumé, rapport].
(*) Rapport de soutien potentiel : rapport de la population d'âge actif (15-64 ans) à la population âgée (65 ans et plus) au niveau le plus élevé qu'il serait possible d'atteindre à défaut d'une migration après 1995.
Nos recommandations :
migrants :
L'augmentation de la population en âge de travailler (par exemple suite à l'importation de main d'oeuvre) pousse-t-elle les salaires à la baisse ?
Pour répondre à cette question il faut comparer l'effet sur l'offre de travail, et l'effet sur la demande de biens & services :
N.B. Le raisonnement ci-dessus est une simplification théorique. La réalité est plus complexe. I. Les périodes de baisse des salaires sont relativement rares [voir France 1950-2000]. II. Ce qui détermine essentiellement la demande de biens & services c'est le pouvoir d'achat du revenu disponible (PARD). III. En raison du rôle des anticipations dans les décisions des agents économiques les variations du taux d'évolution sont déterminantes : ainsi une baisse importante d'un taux de croissance même positif du revenu disponible peut avoir un effet négatif sur la demande.
Le graphique suivant (France) montre que la croissance du PARD a fortement baissé de 1973 à 1983 en raison de l'inflation (induite par le choc pétrolier). Ensuite de 1983 à 1993, il y a eu une forte baisse de croissance du revenu disponible, sous l'effet de la "révolution conservatrice" (implémentée en France avec la collaboration du parti ... "socialiste" : source). Sa tendance de long terme depuis lors nous conduit vers des taux de croissance négatifs dont nous ne sommes aujourd'hui préservés que par le bas niveau historique de l'inflation ...
Il apparaît alors que l'État peut (doit ?) jouer ici un rôle décisif, par une double action :
Une mesure alternative, en apparence, est de baisser les impôts et cotisations sociales, mais cela ne résout pas le problème des personnes en situation précaire, bien au contraire.
Selon nous plus l'État est démocratique, c-à-d plus il tend vers la démocratie directe, plus il est en mesure de réaliser cette double action.
Selon une étude du Watson Institute de la Brown University, les guerres menées dans le monde musulman par l'armée US suite aux attentats du 11 septembre 2001 représentent plus de 5.000 milliards de dollars de dépenses par l'État US [source]. Étant donné que le PIB moyen des USA sur cette période 2002-2016 était d'environ 14.000 milliards [source] il en résulte que ces dépenses ont représenté en moyenne 5.000/14/14.000 = 2,5% du PIB. Or le taux de croissance moyen du PIB US durant cette période étant d'environ 2% [source], on peut donc en déduire que si les attentats de septembre 2001 n'avaient pas eu lieu l'économie US se serait effondrée.
Cependant ces 5.000 milliards de dollars auraient pu être consacrés à la R&D non militaire (politique d'offre) et à la sécurité sociale (politique de demande), et ainsi relancer l'économie US de façon non meurtrière et plus efficace pour la collectivité.
En finançant lui-même une partie de sa campagne électorale le milliardaire et outsider Trump a réussi à emporter l'élection présidentielle contre Hilary Clinton. L'opposition très médiatisée que lui oppose l'appareil d'État US est probablement feinte. En effet la stratégie protectionniste de Trump est bénéfique aux entreprises privées US, alors que les importations en provenance de Chine ainsi que les investissements directs du nouveau numéro 1 mondial pèsent de plus en plus sur la balance extérieure US. Finalement, pour la classe dirigeante US qui se présente comme le chantre du libre-échange, Trump est l'occasion de préserver ce qui n'a jamais été qu'un pseudo "libre-échange" privilégiant les entreprises US et les « intérêts US dans le monde » (sic).
Classe dirigeante. Nombreux dans le monde sont ceux qui croient que le président US est élu par la population (suffrage universel). En réalité la population US n'élit qu'un petit comité de "grands électeurs" dont les candidats sont choisis par les partis politiques [source]. Or la majorité des parlementaires US font partie des 1% les plus riches du pays [source]. Ce "suffrage universel indirect" (sic), permet donc de garantir que le président sera un candidat des plus riches.
Depuis le début des années 1980 ces deux "anciens" pays communistes ont injecté une certaine dose de libéralisme dans leur système économique. Cependant l'État central a préservé sa capacité à mener un politique industrielle publique (surtout la Chine), notamment via des entreprises publiques.
Depuis 2015 la Chine est la première puissance économique mondiale en terme de PIB mesuré en PPA [source], confirmant ainsi l'efficacité du modèle politique et économique chinois, dont des sondages réalisés pour les autorités montrent qu'il serait supporté par une large majorité de la population chinoise.
Eric X. Li : L'histoire de deux systèmes politiques (TED 2013, 20m37s)
Fait passé sous silence aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest, une majorité de la population russe semble regretter le communisme (PS : et en Chine ?). Ainsi un sondage réalisé en 2016 par le Centre Levada (d’orientation libérale) montre que plus de la moitié des Russes interrogés regrettent l’URSS, non seulement chez les plus de quarante ans, mais également parmi les jeunes nés après 1991 [source]. Et 60% des personnes interrogées estiment que l'effondrement de l'Union soviétique aurait pu être évité [source]. Cela confirme des enquêtes réalisées durant les années 2000 et 2010 montrant que la majorité des russes ayant connu l'URSS regrettent sa disparition [source1, source2]. Rien d'étonnant à tout cela : ainsi le 17 mars 1991, un référendum portant sur la question du maintien de l'Union soviétique avait donné 76 % de réponses favorables au maintien, mais Boris Eltsine n'en tint pas compte ... [source].
Nous avons vu que l'UE est nuisible à l'économie. Nous allons montrer ici que la cause originelle est de nature politique et culturelle. Ainsi il apparaît que l'UE :
Les fondements de l'Union européenne ont été posés en 1950. Il s'agit de créer des institutions supra-nationales, officiellement afin de prévenir les guerres intra-européennes, mais officieusement il s'agissait d'endiguer la propagation du communisme, par l'intégration forcée des populations européennes au "modèle" US [source].
Ainsi dans le cadre du plan Marshall de 1947, Washington avait notamment imposé aux États "libérés" par l'armée US de projeter chaque année dans les salles de cinéma au moins 30% de films produits à Hollywood [source p. 47] (PS : ce n'était qu'un début puisqu'aujourd'hui ce taux a plus que doublé !).
La propagande n'a fait que s'infiltrer partout. Ainsi en 2019, soit trente ans après la chute de l'Union soviétique, le parlement européen a voté à une large majorité une résolution révisionniste assimilant le communisme au nazisme [source], passant ainsi sous silence que tout au long des années trente l'URSS avait tenté de nouer avec l’Angleterre et la France une alliance tripartite contre Hitler (“pacte de sécurité collective”), mais a essuyé un refus de ces deux pays, qui ont préféré signé avec Hitler et Mussolini les “Accords de Munich” de 1938 [source].
Les USA et l'Angleterre avaient fait preuve d'une très hypocrite complaisance envers le régime nazi du Chancelier Hitler [exemple1, exemple2, exemple3]. Les alliés anglo-saxons voyaient le nazisme comme un instrument de combat contre le communisme qui dans les années 1930 se répandit partout en Europe. Les USA ne se sont retournés contre l'Allemagne qu'à partir de décembre 1941 (soit un an et demi après l'invasion de la France !), lorsqu'il apparut que l'armée allemande (i) allait être vaincue sur le front Est par les soviétiques, et (ii) était confrontée en Europe de l'Ouest à des réseaux de résistance majoritairement composés de communistes. Il fallait "libérer" l'Europe ... afin que les communistes ne le fassent pas.
Force est de constater qu'en réalité l'UE est dirigée par un conglomérat de grandes sociétés privées ayant attribué à commission européenne la fonction de comité de direction. Celle du parlement européen étant de donner un "look" démocratique à une organisation dont l'activité principale consiste à favoriser voire forcer la privatisation des entreprises publiques. Or sur l'ensemble de la planète les populations sont généralement satisfaites des entreprises publiques, qu'elles apprécient au moins aussi bien voire mieux que les entreprises privées [source], et cela alors que le chantage au risque systémique exercé par les banques confirme que la logique de maximisation du profit privé est (évidemment) incompatible avec le principe de service public.
Le pouvoir du parlement européen (pouvoir législatif) – le seul à être élu – est quasiment nul par rapport à celui de la Commission (pouvoir exécutif), laquelle est composée de ministres européens sous l'influence largement prépondérante des lobbies industriels. L'UE simule donc autant la démocratie que les régimes prétendument "représentatifs" qui la composent. Pouvait-il d'ailleurs en être autrement ?
European Round Table of Industrialists
La "European Round Table of Industrialists" (ERT, Table ronde des industriels européens), une organisation créée en 1983 par les présidents de Volvo, Philips et Fiat, et qui rassemble les 49 plus grandes entreprises européennes – a nettement influé sur le texte du Traité de Maastricht de 1992, traité fondateur de l'Union européenne [source, p. 185]. Certains observateurs considèrent l'ERT comme la principale source d'influence de ces textes.
L'ERT s'est donné pour objectif de stimuler la compétitivité mondiale de l'industrie européenne, notamment en prônant la baisse du salaire minimum, la réduction des dépenses de sécurité sociale et la privatisation des services publics.
Pour réaliser sa mission l'ERT mène un intense lobbying auprès des institutions européennes (Commission européenne, Conseil des ministres, Parlement européen, ...). Dès la création de l'ERT, le vicomte belge Etienne Davignon – alors Commissaire européen à l'Industrie et au Marché Unique – se proposa pour les y aider [source].
Première réunion de l'ERT (1983)
En haut de gauche à droite : Karl Beurle (Thyssen), Carlo De Benedetti (Olivetti), Curt Nicolin (ASEA), Harry Gray (United Technologies), John Harvey-Jones (ICI), Wolfgang Seelig (Siemens), Umberto Agnelli (Fiat), Peter Baxendell (Shell), Olivier Lecerf (Lafarge Coppée), José Bidegain (Cie de St Gobain), Wisse Dekker (Philips). En bas de gauche à droite : Antoine Riboud (BSN), Bernard Hanon (Renault), François-Xavier Ortoli (EC), Pehr G. Gyllenhammar (Volvo), Etienne Davignon (EC), Louis von Planta (Ciba-Geigy), Helmut Maucher (Nestlé) – Source.
Ces faits illustrent de façon flagrante que, par rapport à la masse des citoyens, les lobbies industriels bénéficient d'une relation privilégiée auprès des pouvoirs législatif et exécutif de l'UE [source].
Les éventuels référendums européens illustrent parfaitement la politique du fait accompli : soit le gouvernement refuse de procéder à un référendum (notamment en Belgique, siège de l'UE), soit il ne tient pas compte du résultat s'il est défavorable à l'UE (France et Pays-Bas en 2005), soit le référendum est organisé (ou réorganisé) au terme d'une intense campagne d'intimidation médiatique contre les opposants à l'UE, systématiquement qualifiés de "populistes" ou "d'extrémistes".
L'Union européenne, une oligarchie (2m13s - 2015)
Dans la vidéo ci-dessous le baron Francis Delpérée – professeur de droit constitutionnel et parlementaire belge – explique les contorsions juridiques auxquelles il faut procéder pour tenter de masquer la nature anticonstitutionnelle de l'UE.
En très habile politicien européiste Delpérée parle "d'Europe" plutôt que de mentionner l'Union européenne, et cite comme exemple l'octroie du droit de vote aux étrangers. Cette vidéo illustre parfaitement comment des ennemis de la démocratie se font passer pour des démocrates respectables et bien pensants. Ainsi l'exemple cité – le droit de vote aux étrangers – fait taire la plupart des esprits critiques craignant d'être calomniés de xénophobes. Or il importe pourtant de dénoncer le fait qu'une fois légalisées les modifications de Constitution sans dissolution des Chambres, TOUTES les modifications, c-à-d mêmes celles moins louables que le droit de vote aux étrangers, seront ainsi facilitées.
L'Union européenne incompatible avec les Constitutions nationales (1m46s - 2016)
Il était déjà flagrant pour tout observateur indépendant que l'UE tente de masquer son illégitimité politique :
Contingentement cognitif. Via les partis politiques et syndicats dits "de gauche" (écologistes, socialistes, communistes) les appareils d'État européens, canalisent les débats sur des sujets tels que la société multiculturelle, l’effacement des frontières, la libéralisation des mœurs, les nouveaux rôles de genre, les transformations de la famille, et le féminisme. Étrangement, alors que les partis politiques et syndicats n'ont quasiment aucune capacité d'influence sur ces évolutions profondes de la sociétés, ils sont par contre silencieux sur le démantèlement des entreprises publiques et la privatisation de services publics par l'UE, alors que cela devrait être leur premier objet d'inquiétude. Ainsi les partis politiques et syndicats "de gauche" ont, dès la création de l'UE en 2000, aidé celle-ci à entretenir le mythe d'une "Europe sociale", toujours à venir mais ne montrant aucun signe qu'elle pourrait advenir même dans un futur lointain ! Il ne pourrait en être autrement car les faits énoncés supra démontrent que "l'Europe sociale" est incompatible avec les objectifs des créateurs de l'UE ainsi qu'avec la diversité culturelle des États-nations européens. Mais surtout, "changer l’Union européenne" implique de changer les traités, or cela requiert l’unanimité des États-membres, ce qui rend pratiquement impossible toute réforme substantielle de l'UE.
Statistiques électorales manipulées ? Un nouveau palier dans le conditionnement de masse a-t-il été franchi lors des élections européennes de 2019 ? Ainsi alors que le taux de participation aux élections européennes n'a fait que décroître depuis la première élection en 1979, jusqu'à descendre en dessous des 50% depuis 1999, les élections européennes de 2019 voient une miraculeuse remontée .... juste au dessus des 50%, et sans qu'aucun fait politique nouveau puisse expliquer un brusque revirement de l'opinion publique. Au contraire, alors qu'à la fin des années 1990 il était rare d'entendre critiquer le principe d'union politique européenne, ce n'est plus du tout le cas depuis la fin des années 2010.
Taux de participation aux élections européennes
Un brusque et surprenant revirement des résultats électoraux, en totale contradiction avec l'évolution des faits économiques et politiques. Source.
Rejet du système représentatif
Le rejet croissant du système "représentatif" ne se limite certes pas aux élections européennes (qui sont certes les plus impopulaires). Il s'agit d'une tendance observée dans de nombreux pays. Le graphique suivant illustre une caractéristique importante de l'abstentionnisme : si l'on fait abstraction des présidentielles (surmédiatisées) et des régionales (sous-médiatisées) celui-ci augmente avec l'échelle géographique de l'élection (Européennes > législatives > municipales).
Selon Vincent Tiberj il n'y a pas de crise de la citoyenneté, mais de plus en plus les gens ne votent que lorsqu'ils y voient un intérêt, et moins par devoir [source]. Si les citoyens sont plus critiques et défiants, c'est parce qu'ils sont également plus exigeants, mieux informés, et qu'Internet offre de nouveaux moyens de participer au débat public [source].
L'UE – projet historiquement porté par de grandes sociétés privées [source] et le gouvernement US [source] – se voit aujourd'hui comme un moyen de "contrer" (sic) la Chine et la Russie (mais beaucoup moins les USA ...), suscitant ainsi une logique de guerre froide.
Sous contrôle US. La présence de bases militaires US en Europe confirme que celle-ci est bien sous contrôle de Washington. Le traité de l'Union européenne rend d'ailleurs impossible toute politique militaire indépendante de l'OTAN – l'extension impériale de l'armée US – en stipulant que « la politique de l'Union (...) doit respecter les obligations découlant du traité de l'Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l'OTAN et qu'elle doit être compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre » [source].
Le mythe de "l'UE pacificatrice" a été réfuté par la participation de forces armées de l'UE à la destruction de la Jamaharya libyenne en 2011 – alors premier pays africain selon l'indice de développement humain des Nations-unies [source p. 13 et 407] – jetant la population sous le joug d'une économie de l'esclavage, tandis que les entreprises des pays atlantistes qui gèrent les installations pétrolières s'en mettent plein les poches, et que des ministres belges (par ailleurs militants européistes) ont impunément facilité le pillage de fonds souverains de la Jamahiriya gérés à Bruxelles par Euroclear [source].
Il y avait déjà eu un précédent avec l'agression de la Yougoslavie en 1999 [source1, source2].
La "logique" des blocs. L'establishment européiste souhaite clairement participer à une logique confrontationnelle de blocs (UE vs Chine vs USA), semblant ainsi oublier que ces trois blocs représentent moins de 30% de la population mondiale. Le fait que plus de 70% de l'humanité est ignorée montre bien que cette géopolitique correspond à une vision de classe. Rien de neuf sous le soleil : ce sont les classes dirigeantes qui, tout en prétendant construire la paix, préparent les guerres de demain.
Les classes dirigeantes nationales sont caractérisées par leur volonté de puissance, laquelle est à l'origine des guerres de conquête, et cela d'autant plus qu'il est aisé aux membres de l'establishment d'échapper aux devoirs militaires dangereux. Une illustration de ces faits est la guerre du Vietnam. Quant au principe de Pax Romana il est une illusion locale dans la mesure où les guerres se déroulent en dehors des frontières, puisqu'à l'instar des entreprises privées, tout empire doit s'étendre pour ne pas disparaître.
L'OTAN et l'impérialisme
Selon Gabriel Robin, ambassadeur et représentant permanent de la France auprès de l’OTAN et du Conseil de l’Atlantique nord de 1987 à 1993 : « L’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. (...). Elle complique les rapports avec la Russie, ce qui n’est pas négligeable. Elle complique même le fonctionnement du système international parce que, incapable de signer une convention renonçant au droit d’utiliser la force, l’OTAN ne se conforme pas au droit international. Le non-recours à la force est impossible à l’OTAN car elle est précisément faite pour recourir à la force quand bon lui semble. Elle ne s’en est d’ailleurs pas privée, sans consulter le Conseil de sécurité des Nations unies. Par conséquent, je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de l’OTAN, une organisation inutile et nuisible, sinon qu’elle disparaisse » [source, 2009].
Les propos du diplomate ont été maladroitement illustrés en 2017 par un déclaration du président du Conseil européen, Donald Tusk, à l'occasion de la venue à Bruxelles du président US Donald Trump, pour une réunion de l'OTAN : « J'ai l'intention de convaincre le président des Etats-Unis que l'alliance euro-atlantique signifie que le monde libre (sic !) coopère pour empêcher un ordre mondial post-occidental (sic !) » [source]. Nul doute que le reste de l'humanité (soit plus de 80% de la population mondiale) aura interprété comme il se doit cet imbécile discours suprémaciste et impérialiste.
Pourquoi les Portugais se sentiraient-ils plus proches des Allemands ou des Polonais que des Russes ou des Vietnamiens ?
La volonté d'intégration politique et économique des pays européens sur le modèle fantasmatique "d'Etats-unis d'Europe" est confrontée à une très haute diversité culturelle, notamment linguistique et religieuse. D'une part il y a presque autant de langues que d'États membres (une trentaine !). D'autre part il ne faut pas sous-estimer l'influence de l'histoire religieuse : le sud catholique et le nord protestant représentent deux conceptions très différentes du rapport individu/société, et du type de valeur attribuée à l'argent et au travail. N'oublions pas que le protestantisme n'est pas une religion qui a croisé le chemin du catholicisme, mais un schisme issu de celle-ci, notamment par rapport à une pratique centralisée et hiérarchique de la religion [approfondir]. Et c'est sans parler de l'Est orthodoxe ...
Intoxiquée par l'idéologie prétendument "libérale" exportée par Washington – mais que la classe dirigeante US n'a jamais appliquée intégralement aux USA, comme en témoignent les relations aussi intenses que discrètes entre grandes sociétés privées et l'État US : télécom, spatial, énergie, ... – l'UE conduit à la déconstruction des États-nations européens (néolibéralisme) et à l'éradication de la diversité culturelle (PS : on notera à cet égard que l'effet uniformisant de l'anglophonisation et de l'islamisation peut être vu favorablement par les idéologues européistes).
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Une publication de François Jortay