La propagation du commerce est un phénomène quasiment permanent et aussi ancien que l'humanité, mais dont le développement s'accélère. Cependant il est probable que cette tendance croissante soit composée de variations cycliques : il y aurait donc eu régulièrement dans l'histoire de l'humanité des périodes de récession des échanges globaux.
On peut distinguer deux moteurs des échanges commerciaux entre régions éloignées :
Le "libre-échange" – comme le révèle sa dénomination même – relève du moteur politique. C'est une "philosophie" voire une idéologie du commerce international prônant l'interdiction de toutes barrières (*) à la circulation internationale (et partant aux échanges) :
(*) On distingue barrières tarifaires (droits de douane, subventions aux exportations, dévaluation monétaire, ....) et non-tarifaires (quotas à l'importation, normes techniques ou sanitaires, préférence nationale, ...).
L'Union européenne est probablement la réalisation la plus achevée du libre-échange, par la suppression des contrôles transfrontaliers et l'union monétaire, qui ont pour effet de réduire les frais de transaction des échanges commerciaux entre États membres. Mais l'Union européenne est un échec politique et économique ...
Des organisations internationales ont pour ambition de propager, voire d'imposer aux États du monde entier, cette idéologie libérale du "laisser faire" :
Le FMI a conçu un modèle économétrique [GIMF] permettant de simuler par exemple l'effet sur le PIB d'une hausse des droits de douane. Il faut cependant savoir qu'un modèle économétrique peut-être paramétré ou conçu de telle sorte qu'il donne systématiquement le type de résultat souhaité par ses concepteurs.
L'OMC et le FMI furent créées après la seconde guerre mondiale à l'initiative du gouvernement US, qui y exerce une influence dominante. Quant à Amnesty International il s'agit d'une organisation typiquement occidentale : ainsi à l'exception d'Hong-Kong (ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1999), toutes les autres sections nationales d'AI, sont de pays membres de l'OTAN (14) ou alliés de l'OTAN (7) [source].
Pourtant, s'il existe une quasi unanimité concernant les bienfaits du commerce international, il n'en est pas de même quant à la pertinence du libre-échange : selon un sondage publié en 1983 dans European Economic Review, 20% des économistes ont répondu par l'affirmative à la question « Pensez-vous que des droits de douanes ou des quotas d'importation aient généralement des effets socialement négatifs ? » [source p. 117]. Dans l'opinion publique les opposants au libre-échange semblent plus nombreux.
Ainsi la délocalisation d'entreprises privée vers des pays dont les normes fiscales, sociales et environnementales sont plus avantageuses (pour ces entreprises ...) a pour effet dans les pays développés que des pans entiers d'une industrie peuvent disparaître en quelques années, laissant au chômage des travailleurs sans autres compétences que celles requises dans leur secteur, et alors que la reconversion professionnelle se traduit le plus souvent par une précarisation du travail.
Globalement la précarisation du travail dans les pays les plus développés semble avoir été plus que compensée par l'émergence d'un classe moyenne en Chine et en Inde (pays émergents). Mais le développement économique ne peut se satisfaire de statistiques régionales (ni même globales). Il reste à résoudre la précarisation de la plupart des salariés et indépendants des pays occidentaux, ainsi que le trop lent développement (voire la stagnation) de nombreux pays africains.
La problématique est complexe car il s'agit de concilier des points de vues souvent divergents :
pays riches vs pays pauvres.
Certains de ces pays émergents sont exportateurs net de capital financier vers les pays développés. C'est particulièrement le cas de la Chine qui est le premier détenteur de titres du Trésor US (27% - source).
Nous nous basons ici sur le modèle de comptabilité nationale en économie fermée (cf. https://allocation-universelle.net/dette-publique#modele-comptabilite-nationale).
La modélisation de la comptabilité nationale en économie ouverte (exprimée par le solde extérieur exportation - importation noté X-M) repose sur le même système de trois équations, dont la première mentionne en outre le solde extérieur :
On substitue (1) et (2) dans (3) ⇒
C + I + ( X - M ) = C + S - RW ⇔
I = S - [ ( X - M ) + RW ] où :
• X - M : balance commerciale
• RW : balance des revenus & transferts
( X - M ) + RW : balance courante
Au niveau mondial (les économistes parlent alors plutôt de raisonnement en "économie fermée"), on a nécessairement que X = M ⇒ I = S.
Interprétation : l'investissement (le moteur du développement économique) est financé par :
Ce second point n'est pas très intuitif. Prenons le cas des exportations et supposons M=0 : en quoi le fait de vendre une partie de la production nationale à l'étranger plutôt qu'à l'intérieur nuit-il à l'investissement national ? La seule différence c'est que la masse monétaire circulant dans le pays est plus grande. Or cette masse monétaire ne figure pas dans le système d'équation ...
Force est de constater que les manuels d'économie noient le poisson en formulant l'égalité
I = S - [ ( X - M ) + RW ]
sous la forme
( S - I ) = ( X - M ) + RW
que l'on peut être tenté d'interpréter en y lisant qu'un surplus commercial correspond à "un surplus de l'épargne sur l'investissement, et donc une potentialité d'investissement futur" ... sauf que cette équation n'est pas St - It+1 = (X-M+RW)t mais St - It = (X-M+RW)t
Conclusion : cette modélisation n'est pas satisfaisante car elle requiert de tordre les mathématiques pour rendre l'interprétation du modèle compatible avec les faits. Elle est pourtant généralisée dans la littérature scientifique ... (*).
(*) Quelques sources :
• univ-montp3.fr (p.19)
• ulb.be (p. 8)
• wikipedia.org/wiki/Déficits_jumeaux
• etc ...
Quoi qu'il en soit, rappelons qu'il ne s'agit là que d'une égalité comptable, qui ne dit pas tout des possibles causalités originelles. Ainsi l'évolution du solde commercial peut être elle-même déterminée par un changement de la compétitivité, de la spécialisation ou encore du positionnement de l'économie nationale sur les marchés internationaux. Kalantzis et Thubin font justement remarquer qu'une hausse de la compétitivité augmente certes les exportations et la balance commerciale en niveau, mais laisse invariante la balance commerciale en part de PIB car elle augmente aussi le PIB. À l’inverse, une baisse du taux d’investissement ou de consommation améliore le solde commercial en part de PIB, mais en diminuant les importations et le PIB en niveau, sauf si elle s’accompagne d’une amélioration concomitante de la compétitivité [source].
Ces mêmes auteurs montrent qu'en France les fluctuations de moyen terme du solde commercial correspondent principalement au cycle de l’investissement, lequel est largement déterminé par l’investissement en construction, aussi bien des ménages que des entreprises.
À noter enfin qu'un déséquilibre courant qui perdure (ont dit alors qu'il est structurel, par opposition à conjoncturel) n'est pas nécessairement nuisible en soi. Ainsi la plupart des pays anglo-saxons ont un déficit courant structurellement déficitaire et s'en portent très bien, en raison de la stabilité de leur devise par rapport au dollar, principale devise internationale. Mais pour les autres pays une forte dépendance par rapport au reste du monde, que représente un déficit courant structurel, induit un fort risque de change et de liquidité : si la confiance étrangère dans la devise se désagrège alors la fuite massive des capitaux peut en deux ou trois ans provoquer l'effondrement de toutes les composantes du PIB : consommation et investissements, privés comme publics.
Mondialisation : ralentissement du commerce international (4m42s, 2015)
On peut comparer le degré de dépendance d'une économie par rapport au reste du monde (les économistes libéraux préfèrent le terme "d'ouverture") :
Le graphique suivant montre la corrélation inverse entre taille de la population et degré d'ouverture économique : plus la population d'un pays est petite plus celui-ci est dépendant du reste du monde (PS : et donc plus sensible à la volatilité du taux de change de sa devise).
La composition de la balance des paiements est difficilement compréhensible pour l'étudiant qui compare des sources différentes car les intitulés et regroupements varient selon les règles de comptabilité nationale, et parfois même selon les auteurs de même nationalité. Voici la version qui nous paraît la plus rationnelle :
N.B. La balance des paiements est toujours en équilibre (solde nulle) par construction comptable : la balance des capitaux étant la contrepartie des transactions de la balance courante (par exemple une exportation a généralement comme contrepartie un crédit ou une entrée de devises).
La dynamique de la balance courante peut être complexe. Par exemple un pays peut compenser un déficit commercial par un excédent des revenus de portefeuille induits par les IDE : c'est notamment le cas des USA, qui ont une forte propension à produire à l'étranger plutôt qu'à y exporter (*) [source].
(*) Ce qui a pour effet de créer des emplois à l'étranger plutôt qu'aux USA, mais avec comme contrepartie des opportunités – pour les entreprises US à l'étranger – en matière de dumping fiscal, social ou environnemental.
Financiarisation. Avec la "vague néolibérale" concomitante au démantèlement de l'URSS durant les années 1980 les mouvements de capitaux furent libérés (leur contrôle serait devenu inefficace et nuisible au développement des entreprises ...). Il en a résulté une explosion des balances des capitaux relativement aux balances commerciales dans la balance des paiements des pays, ce qui implique une influence plus lourde de la sphère financière sur la volatilité des taux de change et d'intérêt. Et cela d'autant plus qu'en raison de la numérisation quasiment intégrale de la sphère financière, les capitaux financiers sont devenus nettement plus mobiles (⇑ vitesse et ⇓ coût de transport) que les machines et les travailleurs.
Comprendre les flux de la balance des paiements (5m24s, 2015)
Enfin la position extérieure nette est l'accumulation des soldes annuels de la balance des capitaux. Elle constitue donc le stock de créances et de dettes nettes d’un pays à l’égard du reste du monde. Une position extérieure nette positive (négative) correspond à un stock d’actifs à l’étranger supérieur (inférieur) au stock d’actifs domestiques détenus par les étrangers. Le pays est alors en position de créditeur (débiteur) du reste du monde.
Dans les sections suivantes nous allons résumer les avantages du commerce international, puis inconvénients du libre échange.
L'ouverture des marchés nationaux aux biens & services en provenance de l'étranger peut induire une série d"effets positifs pour la collectivité (ménages, entreprises, État). On peut classer ces effets en deux groupes selon qu'ils concernent la balance courante ou la balance des capitaux.
Dans les pays exportateurs :
Marché financier. En raison de leur grande mobilité les capitaux financiers ont le plus exploiter les opportunités de l'ouverture des frontières (ce qui a participé au développement de la sphère financière relativement à la sphère réelle) ;
Dans les pays importateurs :
NB : un pays peut être à la fois exportateur et importateur d'un même bien/service, de sorte qu'il sera globalement exportateur ou importateur net de ce bien/service.
Les investissement directs (à l')étranger(s) (IDE), c-à-d la construction ou le rachat d'une entreprise par une entreprise étrangère ou dans un pays étranger, permet :
Les IDE sont un bon moyen d'amorçage pour le développement indigène (exemple : développement d'un réseau ferroviaire en Afrique par des entreprises chinoises). Mais cet amorçage peut ne pas se produire, et les capitaux ainsi que la technologie repartir repartir aussi vite qu'ils sont venus, pour profiter de meilleurs opportunités d'investissement ailleurs dans le monde (faible "patriotisme économique" des IDE).
aux entreprises privées des pays sources (généralement développés), de diminuer leur coût en délocalisant vers des pays pratiquant le dumping social, environnemental ou fiscal (faible éthique et patriotisme économique des grandes entreprises privées).
La théorie des avantages comparatifs (TAC) – énoncée par David Ricardo il y deux siècles ... – stipule que les pays ont mutuellement intérêt (i) à s'ouvrir au commerce international, et (ii) à se spécialiser dans la production de biens pour lesquels ils détiennent un "avantage comparatif", plutôt qu'à rechercher l'autarcie économique. Il s'agit donc d'une théorie de la Spécialisation internationale du travail, supposée "justifier" le principe de libre échange.
Cette théorie est illustrée par l'exemple théorique d'une économie mondiale composée de deux pays (par exemple "France" noté FRA, et "Reste" noté RES) produisant deux biens X et Y. Les différentes productivités (nombre d'heure de travail requises pour produire une unité) peuvent être représentées par une matrice 2x2 :
Colonne B : FRA produit une unite de X en Xf heures, et une unité de Y en Yf heures
Un pays détient l'avantage comparatif dans le bien dont le nombre d'unité dont il doit renoncer pour produire une unité de l'autre bien est supérieur au nombre d'unité correspondant dans l'autre pays (par conséquent les avantages comparatifs sont complémentaires) : si le pays FRA doit renoncer à 3 unités du bien X pour produire une unité supplémentaire du bien Y, tandis que le pays RES doit renoncer à seulement 2 unités du bien X pour produire une unité de Y, alors chaque pays s’enrichira si FRA se consacre à la production de X et que RES se spécialise dans celle de Y.
Pour déterminer le pays détenant l'avantage comparatif sur l'un des deux bien, il suffit donc de diviser le nombre d'heures pour produire ce bien dans chacun des deux pays, par le nombre d'heure pour produire l'autre produit : l'avantage comparatif pour ce bien est alors dans le pays dont le ratio est le plus bas. On saura alors que l'autre pays détient son AC sur l'autre bien.
Ainsi, soit par exemple le bien X, si Xf / Yf < Xr / Yr alors :
Dans ces conditions la TAC stipule que si le pays FRA ne produit que du X, importe Y de l'autre pays, et que l'autre fait l'inverse, alors les deux pays pourront produire une plus grande quantité du bien dans lequel ils détiennent l'AC, sans devoir travailler une plus grande quantité d'heure.
C'est sur base de cette théorie qu'a été développé le modèle de Heckscher-Ohlin-Samuelson supposé expliquer le fonctionnement du commerce international. Mais ce modèle (dont les résultats justifient le libre-échange ...), repose sur un nombre considérable d'hypothèses simplificatrices, qui ne sont quasiment jamais vérifiées simultanément dans la réalité. Il ne décrit donc pas la réalité mais vise à "justifier" une théorie.
Nous avons modélisé dans un tableur l'exemple chiffré donné par Bernard Salanié, professeur à l'université Columbia, et qu'il commente en ces termes : « ce simple exemple permet déjà de réfuter l'analogie de la guerre économique. Une guerre créé toujours au moins un perdant (et souvent tous les belligérants y perdent), alors que le commerce international ne fait que des gagnants parmi les nations. Bien loin d'être un jeu à somme nulle c'est un jeu qui procure un gain positif à chaque participant » [sources p. 117-123].
Dans le tableau ci-dessous, qui suppose une économie mondiale composée de deux pays, FRA produit une unité du bien X en une heure de travail (cellule B5 : HXFRA = 1) et une unité du bien Y en une heure également, tandis que dans le pays RES la productivité est moindre sur X (2 heures) et encore moindre sur Y (4 heures).
Selon la règle exposée plus haut et illustrée par la matrice J4-L6 du tableau ci-dessous, RES devrait se spécialiser dans sa production la de X, et importer Y, tandis que FRA devrait par conséquent se spécialiser dans la production de Y et importer X.
On constate alors que le passage de l'autarcie à la spécialisation a effectivement pour effets que chaque pays peut ainsi consommer plus du produit dans lequel il s'est spécialisé, et cela avec le même stock de travail ! (cf. matrice des gains : J20-N21). En outre l'indice des prix a diminué dans les deux pays (ligne 23 < ligne 11).
En modifiant les paramètres de pondération, stock de travail ou salaire horaire (matrice B7-D9) choisis par Salanié nous n'avons trouvé aucun résultat qui ne confirme pas la TAC.
Par contre, en changeant des paramètres de productivité (matrice B5-D6) il n'est pas difficile de trouver des configurations qui infirment la TAC. Par exemple en remplaçant 2 par 1 dans D5 le pays RES consomme alors moins de X qu'avant la spécialisation car il en exporte trop (ainsi si l'on neutralise l'ajustement des prix à l'ouverture en écrasant la formule de E17 par la valeur de E5, les gains redeviennent tous positifs mais au prix de déséquilibres des soldes extérieurs (ligne I18 et M18).
Pour écraser une cellule protégée, désactivez la protection via le menu : Outils > Protéger la feuille (LibreOffice Calc).
Revenons maintenant aux paramètres de Salanié, puis dans B6 remplaçons 1 par 2. Résultat : les deux pays ont des avantages comparatifs dans les deux produits, notre modèle ne fonctionne plus. Testons alors 1,9 : le modèle fonctionne à nouveau mais la TAC est infirmée ! Testons maintenant 2,1 : la TAC est à nouveau confirmée, mais les spécialisations sont inversées. Ces effets de seuil ont pour effet qu'une estimation imparfaite des AC peut facilement provoquer des effets négatifs.
Ajustement des prix et salaires au commerce international
Les salaires puis les prix s’ajustent pour annuler les soldes extérieurs (I19 et M19) via un système relativiste de trois équations à trois inconnues :
Ajustement des salaires :
Valeur ( EXPRES ) = valeur ( IMPRES ) ⇔
les exportations de "Monde" étant déterminées par la demande dans "France", et les importations de "Monde" étant déterminée par la demande dans "France" :
KEXPFRA * YFRA = KIMPRESB * YRES ⇔
le revenu national étant le produit du stock de travail par le salaire horaire :
KEXPFRA * ( HFRA * WFRA) = KIMPRES * ( HRES * WRES) ⇔
WFRA = ( KIMPRES / KEXPFRA * HRES / HFRA ) * WRES ⇐ cellule B21
Nous avons fait l’hypothèse que les salaires se situaient déjà dans ce rapport avant la spécialisation (B9 = "=B21").
Ajustement des prix :
Valeur ( EXPRES ) = valeur ( IMPRES ) ⇔
PRES * EXPRES = PFRA * IMPRES ⇔
PRES = PFRA * ( IMPRES / EXPRES )
⇐ cellule E17
avec
PFRA = WFRA * HFRA
⇐ cellule C18
Le référentiel est WB, le niveau salarial du pays B (D21 = "=D9" = "1"). Le lecteur pourra vérifier dans le tableur que remplacer "1" par une valeur "x" n'a aucun impact sur les quantités, mais seulement sur les prix (et donc sur les revenus nationaux), qui sont multipliés par "x".
Critiques. Trois critiques viennent toute de suite à l'esprit :
Modèle simpliste ? On pourrait compléter notre modèle en y introduisant les taux d'épargne et un taux de change. Cependant cette complexification n'apporterait probablement pas grande chose car le présent modèle permet déjà de simuler l'effet (i) de l'épargne en réduisant le montant des revenus via les stocks de travail, et (ii) du taux de change en modifiant les prix via les productivités.
L'application de la TAC peut induire divers effets nuisibles qu'il convient de prendre en compte :
Alors que dans les années 1980 le gouvernement français décida d'abandonner les secteurs des machines-outils, du textile et du bois, considérant que l'économie française n'y avait pas "d'avantages comparatifs", l'Allemagne voisine décida quant à elle de conserver ces secteurs, voire des les développer. Trente ans plus tard, l'on peut constater les effets respectifs de ces deux stratégies opposées sur les performances économiques des deux pays ...
Souveraineté économique. Emmanuel Combe souligne cependant que dépendre du reste du monde pour se procurer des biens n'est problématique que si le nombre de pays ou d'entreprises d'importation est limité au point que la concurrence ne s'exerce pas pleinement, et que l'on ne peut changer facilement de fournisseur. En cas de dépendance des importations, la solution est donc plutôt, non pas de relocaliser, mais de varier les sources d’approvisionnement [source].
Plus un pays se spécialise dans la production d'un petit nombre de spécialités relatives, plus augmente sa dépendance par rapport au reste du monde, et partant, le volume de ses importations. Il en résulte une pression à la baisse sur la valeur de sa devise relativement à l'ensemble des pays dont l'économie est plus diversifiée, ce qui augmente d'autant celle des importations. Ce phénomène est illustré par la plupart des économies de rente (Venezuela, Russie, ...).
Il résulte de la spécialisation économique des pays une augmentation de la taille moyenne des entreprises, une diminution de leur nombre, et une industrialisation des méthodes de production. L'idéologie "libérale" affirme que les économies d'échelle positives qui en résultent (l'efficacité augmente avec la taille) l'emporteraient sur les économies d'échelle négatives (rendements décroissants). Ainsi la la spécialisation régionale des productions requiert plus de transports à longue distance, pour acheminer les biens des zones de production vers le reste du monde. Or les transports à longue distance sont une source considérable d'émission de CO2. Et il y a d'autres effets pervers : la moindre capacité de résilience de l'économie mondiale, la disparition de l'artisanat local, l'uniformisation du paysage agricole, ou encore le moindre goût de la nourriture industrielle relativement à la nourriture artisanale.
Economies d'échelle et stratégies de volume : les pièges cachés (3m18s, 2015)
Un corollaire de la théorie des avantages comparatifs est que les pays ne sont plus autonomes, et échangent leur production contre des biens produits dans d'autres pays. Elle constitue par conséquent une base idéologique idéale pour une politique impérialiste, visant à organiser l'économie de l'empire comme celle d'un seul pays. Ainsi une récente étude réalisée par Matthew Watson de l'université de Warwick montre que l'étude de David Ricardo (1772-1823), auteur de la TAC, a falsifié les faits historiques en masquant le fait que le "libre-échange" est généralement un échange imposé par la force, et non le résultat d'un accord mutuel [source1, source2].
Les inconvénients du libre-échange – lequel ne doit pas être confondu avec le commerce international, dont il n'est qu'une modulation extrême – sont limités à seulement deux types de bien, mais particulièrement importants : les facteurs et moyens de production c-à-d le travail (facteur de production) et le capital financier et non financier (moyens de production).
Bien sûr la circulation du travail et du capital est indispensable, mais pas dans n'importe quelles conditions.
Voici une liste non exhaustive d'effets pervers du libre-échange inconditionnel :
Nous avons vu plus haut les avantages apportés par la concurrence. Mais lorsque celle-ci dépasse une certaine limite – ce qui peut être le cas dans un environnement international sans organisation supranationale ou (préférablement) Confédérale – apparait alors un grave effet nuisible, appelé "effet reine rouge", par lequel des organismes vivant en compétition doivent travailler et dissiper toujours plus d'énergie pour subsister, de sorte qu'une limite est dépassée, au delà de laquelle la pérennité du système n'est plus garantie [source]. On observe ainsi une augmentation du stress subi par les individus (cf. syndrome d'épuisement professionnel) et leur environnement (cf. réchauffement climatique).
Nous entendons ici par "dumping" la réduction voire la suppression par des États, ou la violation par des entreprises, de contraintes légales en matière de fiscalité, de protection sociale ou de protection de l'environnement. Il s'agit d'une d'entente entre dirigeants des États d'accueil et entreprises privées étrangères, pour générer des revenus au détriment de l'environnement et par la précarisation des conditions de travail. Les effets majeurs des trois formes de dumping sont les suivants :
Le libre-échange inconditionnel conduit à la désindustrialisation de régions entière des pays développés par délocalisations vers des pays à bas salaires et faible réglementation environnementale, alors que dans les pays en développement les travailleurs les plus jeunes ou les mieux formés préfèrent l'émigration vers les pays développés, ce qui a pour effets :
Comment le libre-échange a sacrifié les classes moyennes
(7m16s - 2016)
Le capital financier étant beaucoup plus mobile que le capital non financier et que le travail (il est nettement moins coûteux de transférer une somme d'argent de l'autre côté de la planète qu'une machine ou un humain), il en a résulté un développement massif de la sphère financière par rapport à la sphère réelle, rendant ainsi le système économique international beaucoup plus instable. Cette instabilité résulte des bulles spéculatives mais également de la concomitante propension du capital financier à se déplacer massivement et brusquement sur toute la planète. Ainsi la crise des subprimes de 2008, est née aux USA puis s'est propagée dans le reste du monde et à l'ensemble des secteurs économiques.
On notera également que des investissements financiers massifs dans un pays ont pour effet d'apprécier brusquement sa devise, ce qui se traduit par une perte de compétitivité extérieure. Ainsi les fonds créés par les Banques centrales US et européenne – supposément pour résoudre la crise des subprimes de 2008 – furent massivement investis dans les pays où le taux d'intérêt est élevé. Ce fut le cas du Brésil, qui en 2009 réagi en instaurant un taxe sur les entrées de capitaux afin de décourager les investisseurs et spéculateurs étrangers [source p. 208]. Même le FMI, pourtant chantre du libéralisme, a dans un document publié en 2011, reconnu que dans certaines circonstance des mesures de contrôle des capitaux sont nécessaires [source].
Comprenons bien à cet égard que la stabilité des changes et les limitations à la libre circulation des capitaux limitent les possibilités de profit des banques internationales. Celles-ci usent donc de tout leur poids pour convaincre les décideurs politiques (notamment par la corruption) de "laisser les marchés opérer librement".
L'absence de barrières aux échanges peut conduire à l'éradication des diverses cultures nationales et leur substitution par une culture globale (cf. l'américanisation des pays européens), ce qui réduit le potentiel de créativité et de résilience du système économique international.
L'ouverture inconditionnelle d'une économie nationale permet à de puissants conglomérats étrangers exportateurs de capitaux de prendre/conserver le contrôle de ressources naturelles et d'éléments clés de la structure productive/financière de néocolonies, et d'ainsi :
Un exemple classique est la filière de la banane en Afrique : 5 % de la valeur revient aux paysans, 10 % aux Etats, tout le reste à des multinationales du trading et de la vente. Cela est le fruit de la déréglementation du commerce agricole, qui a provoqué la ruine de millions de paysans. Or l’agriculture est le principal secteur d’emploi en Afrique ... [source].
En Russie depuis 2016 les pouvoirs publics ne peuvent utiliser des logiciels étrangers que s'il n'existe pas d'analogues nationaux sur le marché russe [source].
Le piège des emprunts à l'étranger. Pour acheter des produits que l'économie nationale ne produit pas ou pas assez (haute technologie, matières premières, ...) un État doit payer soit dans la devise du pays où il achète ces biens, soit dans la devise d'un pays dont la monnaie est acceptée par des entreprises partout dans le monde (généralement le dollar US). Pour se procurer des devises étrangères un pays doit de préférence être exportateur net de biens/services, et dans le cas contraire (importateur net) il doit alors se résigner à emprunter des devises ... et donc à payer des intérêts.
Une alternative est d'échanger de la monnaie nationale contres des devises étrangères, mais il faut pour cela qu'il existe une demande étrangère pour la devise nationale, et dans l'affirmative que le taux de change ne soit pas trop défavorable.
Mais comment le pays va-t-il payer ces intérêts (en devises étrangères) s'il demeure importateur net ? Réponse : par de nouveaux emprunts !
Intérêts composés. Normalement la croissance de la charge d'intérêt annuelle augmente linéairement. Mais lorsque celle-ci est chaque fois ajoutée au principal (on parle alors d'intérêts composés) la croissance de la charge devient exponentielle, de sorte que la charge d'intérêt devient rapidement supérieure au principal ! Beaucoup de pays africains ont été asservis de cette manière (parfois même avec la complicité de leurs dirigeants) car le remboursement d'intérêts composés exige que le PIB du pays emprunteur connaisse également une croissance exponentielle !
FMI et privatisations. C'est là qu'intervient Le FMI, créé à la fin de la seconde guerre mondiale à l'initiative du gouvernement US. Le FMI accorde des prêts en dollars aux États qui en font la demande, mais en échange il impose aux gouvernements emprunteurs d'appliquer à leur économie un programme dit « plan d'ajustements structurels ». Ce programme fondé sur l'idéologie "libérale" consiste notamment dans la privatisation des biens nationaux et des services publics, et qui plus est, à des prix systématiquement (très) sous-évalués, au bénéfice des grandes sociétés privées (souvent sous contrôle US) qui achètent ces entreprises publiques étrangères pour les exploiter à leur profit.
Cette situation est extrêmement perverse car l'appareil d'État US (gouvernement + grandes sociétés) a donc intérêt :
"Cadeaux" intéressés. Lorsque les prêts se transforment éventuellement en dons (annulation de dette), c'est généralement en échange d'une accentuation des plans d'ajustement. En outre il demeure que les devises octroyées (en l'occurrence du dollar) ne peuvent de toute façon être utilisées que pour acheter soit des produits US, soit sur le marché international, ce qui permet d'asseoir le dollar comme devise internationale. Le fait que la devise internationale soit une devise nationale (le dollar US) plutôt qu'une devise spécifiquement créée à cet effet introduit un biais favorisant grandement l'État et les entreprises US qui n'ont jamais besoin de se procurer de devise étrangère pour acheter à l'étranger : il leur suffit de payer en dollars !
Double exploitation. Les pays développés investissent du capital non financier dans les pays en développement, qui eux exportent des travailleurs (et des matières premières) vers les pays développés, phénomène que la dialectique libérale décrit comme un "échange de facteurs de production". Or dans notre article consacré au développement durable nous avons montré que le capital n'est pas facteur/agent de production mais seulement moyen/objet de production, et aussi titre de propriété (sauf les dons). Seul le travail humain est facteur/agent de production.
Par conséquent « exporter du capital » signifie en réalité « prendre possession de ». Le prétendu "échange" de capital contre de la main d'oeuvre est donc en fait une double exploitation, les pays riches prenant le contrôle des ressources naturelles des pays pauvres (avec la complicité de dirigeants indigènes), qui en outre perdent leurs facteurs de production (c-à-d les humains, surtout les plus jeunes ou les plus qualifiés) au profit des pays riches, ou du moins de leur classe dirigeante car la masse des salariés subit quant à elle la concurrence de cette main d'œuvre étrangère bon marché.
Autonomie. Enfin les éventuels revenus envoyés par les travailleurs immigrés à leur famille restée au pays ne compensent ni la perte de facteurs de production que sont les travailleurs émigrés, ni le rapatriement des plantureux dividendes engrangés par les propriétaires des entreprises étrangères. Le meilleur développement est donc celui qui est réalisé par les populations indigènes elles-mêmes, en commençant par installer des institutions politiques, administratives, judiciaires et scientifiques efficaces c-à-d adaptées à leur culture (ce que, par nature, elles seules sont en mesure de faire). Autrement dit, les entreprises occidentales et chinoises qui investissent en Afrique participent moins au développement de ce continent qu'à leur propre enrichissement.
Le revenu national c'est le PIB plus les revenus net perçus à l'étranger (1% en France 2010) moins la dépréciation du capital (14% en France 2010) [source p. 19]. Ainsi si le revenu national français vaut 87% du PIB (100+1-14), il vaut probablement beaucoup moins en Afrique car une part importante du capital productif est détenue par des entreprises étrangères (surtout européennes et chinoises).
PIB. D'autre part comprenons bien que l'augmentation du PIB par habitant (qui n'est qu'une moyenne) peut aller de pair avec l'appauvrissement d'une majorité de la population, au profit d'une minorité s'accaparant une part croissante des richesses (dont les décideurs politiques corrompus).
Comprendre les chaînes de valeur mondiales (4m54s, 2015)
Définition. Le protectionnisme consiste à protéger l'appareil productif national contre la concurrence étrangère, en favorisant les exportations et en freinant les importations.
Mesures. Le protectionnisme peut prendre la forme de mesures :
Selon la théorie libérale l'État doit éviter d'interférer dans le mécanisme de formation des prix par le marché (c-à-d par la "loi" de l'offre et de la demande) car celui-ci est supposé efficient par nature : sous condition de concurrence parfaite (en pratique quasiment jamais intégralement vérifiée ...) il aboutirait au meilleur prix auquel les deux parties d'une transaction commerciale peuvent espérer échanger un bien ou service contre de la monnaie.
Il semblerait que les économies émergentes (Argentine, Brésil, Inde, ...) se protègent surtout au moyen de mesures tarifaires, tandis que les économies avancées recourent plutôt aux (moins décelables) mesures non-tarifaires [source].
Justifications. Les gouvernements qui pratiquent le protectionnisme le justifient différemment selon leur niveau de développement :
Une objection à l'argument des industries naissantes est que si une entreprise est capable à terme de devenir rentable, et pour autant que les marchés des capitaux soient efficients, il se trouverait toujours des investisseurs pour lui fournir les fonds nécessaires. Mais les marchés se sont jamais totalement efficients, et certains le sont même structurellement très peu ...
Objection. Aujourd'hui les chaînes de valeurs sont explosées : par exemple Apple conçoit ses smartphones aux USA mais les faits construire en Chine. Par conséquent si les USA taxent les importations en provenance de Chine, l'augmentation résultante du prix des smartphones ne profite pas aux usines de montage US puisqu'elles n'existent plus. Cependant ce peut être un moyen d'encourager la résurgence d'une production locale ...
Inconvénients. Le protectionnisme entraîne généralement :
des mesures de rétorsion, et doit par conséquent être géré en anticipant les réactions des parties adverses, par analyse de leurs ambitions et contraintes propres ;
une baisse du rapport qualité/prix de la production nationale, si la concurrence étrangère n'est pas remplacée par une concurrence nationale produisant au moins au même rapport qualité/prix.
Les traités de l'Union européenne sont défavorables aux mesures protectionnistes. Cependant le prix Nobel d'économie 1988, le français Maurice Allais, a exprimé une opinion moins tranchée en reconnaissant la nécessité d'encourager la concurrence entre économies, mais pour autant qu'elles soient relativement homogènes, principalement en matière de réglementation sociale, fiscale et environnementale. Il recommandait par conséquent de préserver un certain niveau de protectionnisme entre économies hétérogènes [source].
Dans la section suivante nous développons une notion visant déterminer des critères objectif pour allier libre-échange et protectionnisme.
Définition. Il s'agit de substituer le principe d'échange durable à celui de libre-échange en soumettant le commerce international au respect de normes visant à neutraliser le dumping social, environnemental et fiscal. Ces normes seraient définies et mesurées par la Confédération des États souverains (CES).
On notera que le principe d'échange durable :
conduit in fine à vérifier la recommandation du prix Nobel d'économie Alphonse Allais de n'appliquer le libre-échange qu'à des économies relativement homogènes ;
stimule l'alignement des normes sociales, environnementales et fiscales par le haut (progrès), alors que le libre-échange le fait par le bas (régression), et ce faisant l'échange anti-dumping rend durable le commerce international ;
préserve la néguentropie de la société, alors que le libre-échange est par nature entropique c-à-d uniformisant et donc destructeur.
Principes :
Chaque pays n'applique le libre-échange aux importations qu'à la condition que les entreprises exportatrices et leur gouvernement respectent des normes anti-dumping.
détermine le niveau de normes, en termes relatifs (notamment salaire minimum / salaire moyen et salaire moyen / PIB/hab) ;
Définition. L'OMC limite la définition du dumping au seul cas d'une entreprise qui « exporte un produit à un prix inférieur à celui qu'elle pratique normalement sur son propre marché intérieur » [source]. Il conviendrait d'y ajouter (i) « la minimisation des contraintes légales en matière de fiscalité, travail ou environnement par un État », et (ii) « la violation de contraintes légales en matière de fiscalité, travail ou environnement par une entreprise ».
organise un système – décentralisé et ouvert – d'évaluation des États et entreprises quant au respect de ces normes (PS : cette décentralisation pourrait être réalisée au moyen de la technologie des chaînes de bloc).
Business du label. Il existe déjà les normes ISO, mises au point par l'Organisation internationale de normalisation, notamment ISO 9000 (qualité), ISO 14000 (environnement), ISO 26000 (responsabilité sociétale). Cependant l'Organisation internationale de normalisation est moins une ONG qu'une société commerciale qui vend un service de relooking d'image de marque [source]. Pire, le business modèle de la notation est en fait celui du racket : il suffit en effet à une agence de notation de publier un rating dévastateur sur une organisation (entreprise ou État) qui ne le mérite pas, pour forcer celle-ci à devenir "cliente" afin de rehausser sa note. Cette stratégie est d'autant plus facile à appliquer lorsque le marché de la notation est un oligopole au sein duquel des ententes sont facilement organisables.
Frontières numériques
L'idée selon laquelle il ne serait pas possible d'imposer des lois nationales aux entreprises "globales" sous prétexte qu'il ne serait pas possible d'installer des frontières numériques sur Internet est une légende urbaine savamment entretenue. Il est tout à fait possible d'installer des frontières numériques, et en outre à des coûts nettement inférieurs aux frontières physiques [exemple]. Il est donc tout à fait possible pour tout État d'imposer des règles nationales aux "entreprises globales", et à leur interdire l'accès aux marché numérique national si elles refusent ou sont incapables d'en respecter les règles.
Les frontières numériques sont un instrument permettant de neutraliser notamment :
Le libre-échange a des effets très semblables au progrès technologique :
Un système de sécurité sociale plus généreux (cf. l'AU du modèle synthétique) permettrait de neutraliser les effets négatifs du libre-échange ... comme des innovations technologiques.
Inertie du déclassement. Les travailleurs licenciés des secteurs en décroissance qui ont retrouvé un emploi dans un autre secteur sont généralement déclassés : leurs conditions de travail sont détériorées (salaire inférieure, stress plus élevé, ...). L'apprentissage d'un autre métier est d'autant plus difficile que le travailleur est âgé. En outre un reclassement professionnel requiert au moins trois années de formation à temps plein, et encore au moins cinq années de pratique à temps plein pour retrouver le niveau d'avant déclassement. Cela fait huit années au total, dont les trois premières sans revenu !
Par conséquent si l'on stimule le libre-échange tout en démantelant le système de sécurité sociale (ce qu'est en train de faire l'Union européenne), on porte gravement préjudice aux travailleurs. On comprend alors que la population souhaite majoritairement certaines formes de protectionnisme, notamment la conditionnalisation du libre-échange au respect de normes anti-dumping.
Concernant l'effet du libre-échange sur les pays pauvres il importe de distinguer :
L'effet du libre échange sur le rapport qualité/prix est de même nature dans les tous les pays, indépendamment de leur niveau de développement. Par contre, pour ce qui concerne les échanges de capital et de travail, le libre échange laissé à lui même conduit généralement à l'exploitation des pays pauvres par les plus riches.
Concernant la mobilité du facteur de production (c-à-d le travail) on notera l'impact positif de l'immigration légale sur l'économie des pays d'immigration [source], mais un impact négatif de l'émigration sur l'économie des pays d'émigration.
Le fait que des organisations internationales (Union européenne, OMC, FMI, ...) utilisent le terme "libre-échange" plutôt que "échange durable" – substituant ainsi un moyen (en outre contre-productif) à la finalité – confirme le parti-pris idéologique (en l'occurrence libéral) de ces institutions.
Ainsi il est abusif au regard du droit national et du droit constitutionnel de considérer que les entreprises publiques sont des entraves à la libre concurrence si elles ne se comportent pas comme des entreprises privées (considération fondant le Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne). Dans une démocratie ce sont au contraire les grandes entreprises privées qui devraient se comporter comme des entreprises publiques. Cependant cela étant peu probable il importe que l'échange durable soit complété par la présence d'entreprises publiques (concurrentes) dans tous les secteurs stratégiques.
Une des grandes inepties idéologiques de l'Union européenne (avec l'union monétaire) est l'idée selon laquelle l'UE participerait à développer la concurrence entre entreprises (qui a théoriquement pour effet d'augmenter le rapport qualité/prix des biens et services) alors que ses traités empêchent les États membres de créer des entreprises publiques et d'ainsi accroître la concurrence en proposant aux consommateurs une offre publique de biens et services. Il en résulte :
Il convient d'abord de substituer le principe "d'échange durable" (la finalité) à celui de "libre-échange" (un moyen ... contre-productif).
Selon nous une politique commerciale d'échange durable devrait être intégrée dans la politique économique nationale avec les politiques suivantes :
Faudrait-il valider par référendum les accords de libre-échange ? (3m46s - 2017)
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Une publication de François Jortay